DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Lun 14 Oct - 20:50
Je prenais le volant les yeux embrumés de larmes. Je roulis sans vraiment regarder la route. C’était comme si ma direction n’était qu’un automatisme bien rodée par mon cerveau. Si bien rodé que je m’autorisais à prendre mon portable pour composer le numéro de Mattia. « Mattia c’est moi… Lleyton est avec Astrée…Mon père…je… ». Je recommençais à éclater en sanglot peinant à rester sur la route. Peinant à enregistrer ce fichu message vocal. « Je… hôpital. ». Je raccrochais. Balançant mon portable sur le siège passager. J’accélérais pour que cet enfer se termine au plus vite.
Une fois à l’hôpital, je me précipitais pour connaître la chambre de mon père. Deuxième étage. Chambre 8. Avais-je déjà couru si vite ? Mon cœur avait-il déjà battu si fort ? Je n’en savais rien. Mais malgré tout, le temps m’avait rarement paru aussi long. C’était comme si le couloir se rallongeait sous mes pas. Comme si je ne voyais pas la fin. Comme si c’était un cauchemar. Un cauchemar sans fin dont on ne se souvient même plus la base. Je courais en espérant que ça se termine. Et si une monstre aurait pu vous dire que j’avais mis une minute et douze secondes pour monter, c’était comme si j’avais mis plus d’une heure.
Je me jetais au chevet de mon papa, des larmes déjà plein les yeux. « Oh papa qu’est-ce que tu fais là… ». Je regardais son visage bandé. Il était méconnaissable. J’en avais la nausée tant les plaies étaient affreuse. Tant la réalité était immonde. Les larmes roulèrent sur mes joues alors que je serais la main de mon père. Assise à ses côtés. « Mais qu’est-ce que tu fais là toi ?! J’espère au moins que tu n’as pas ramené ton mouflet ! ». Je relevais les yeux, choquée. Découvrant alors le visage furibond de ma mère. Je ne lui avais pas parlé depuis très longtemps. Depuis qu’elle m’avait giflé en fait. Et ses mots me faisaient mal. Le temps ne l’avait donc pas apaisé. Bien loin de là. Elle venait insulter mon fils alors que mon père était entre la vie et la mort. Elle avait donc si peu de respect pour moi ? Pour la peine que je pouvais ressentir ? « Maman je t’en prie… ». Je n’arriverais pas à crier comme elle. J’étais bouleversée. Et tellement désolée pour mon père. « Madame Clarke veiller laisser votre fille, c’est son père… ». L’infirmier que je n’avais guère remarqué avant qu’il prenne la parole entraîna ma mère dehors. Pourtant, elle bronchait. Elle râlait. Elle se débattait. Mais, il n’avait que faire.
Je soufflais alors déçue et attristée. « Je suis désolée de t’imposer encore ça papa. Il faut que tu t’en sortes, j’ai besoin de toi, moi. Et même si maman a tout fait pour nous séparer… je t’aime et tu restes mon papa d’amour. Lleyton t’adore. Il a besoin de son papi… Papa s’il te plaît, ouvre les yeux… ». Je pleurais à nouveau, la tête enfoui sur le matelas.
Et me retrouvais dans le couloir à tourner en rond. Mon père avait dû se faire opérer d’urgence. Ça faisait dix minutes qu’il était dans le bloc. Pourtant j’aurais pu jurer qu’en réalité ça faisait des heures. Le soleil d’automne brillait toujours dehors. Et pourtant, c’était comme si la nuit noire était tombée. Je m’asseyais sur un siège de l’hôpital, tentant vainement de sécher mes larmes. J’avais froid. J’avais peur. Je me sentais seule. Terriblement seule. Et pourtant il y avait du monde partout autour de moi.
Dernière édition par Ella B. Clarke le Sam 19 Oct - 16:26, édité 1 fois
Sujet: Re: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Jeu 17 Oct - 17:00
Le sourire jusqu'aux lèvres, Mattia tendit la main. Le monsieur, en tenue bleue, en face de lui la lui serra, grand sourire sur le visage aussi. Ils se dirent brièvement au revoir, avant que l'ancien tennisman, tout heureux, lui tourne le dos, et retourne vers la route. Pour permettre sa rééducation de son genou, et parce que ce n'était pas si embêtant que ça, Mattia avait finit par rendre visite à son futur employeur à vélo. Il monta sur la selle, et n'arrivait pas à quitter ce sourire qu'il avait sur le visage. Dans trois jours, il allait commencer. Dans trois jours, il serait sur ce bateau pour sa maintenance. Dans trois jours, il allait revivre. Et surtout, il allait faire un métier dans un lieu qu'il aime. Il aurait vraiment détesté travailler dans un endroit détestable. Il avait passé sa vie sur un terrain de tennis; sentir la terre battue sous ses pieds, et l'odeur des balles le rendaient heureux. Là, il allait passer son temps en mer, ou sur l'océan. Même si il n'était pas un excellent nageur -sans être pour autant mauvais, mais sa petite amie le battait largement à la nage; mais il ne faisait pas le poids face à une championne-, il avait toujours aimé être au bord de l'eau, ou dessus. Il s'imaginait déjà dans ce bateau, tout en pédalant. Cette chute était derrière lui maintenant. Même si son genou le faisait toujours souffrir, et même si là, il était bien content quand, sur son vélo, une descente pointait le bout de son nez.
Il n'était qu'à quelques dizaines de mètres d'une montée terrible, quand il sentit dans sa poche quelque chose vibrer. Parce qu'il avait un peu mal, et parce qu'il était curieux, il s'arrêta sur le bas côté, et sortit son téléphone. Ella l'avait appelé. Bizarre. Il n'avait rien entendu. Elle lui avait même laissé un message. Il porta alors l'appareil à son oreille, et commença à écouter ce que la jeune femme avait à lui dire. Au premier mot qu'il entendit, son sourire disparut. Son regard se perdit dans le vague. Sa bouche s'entre-ouvrit. Et son rythme cardiaque s'accéléra. « Mattia c’est moi… Lleyton est avec Astrée…Mon père…je…Je… hôpital. ». Ella pleurait. Elle avait éclaté en sanglot en plein milieu du message. Bon sang, qu'est-ce qu'il se passait? Qu'était-il arrivé à son père? Il sentit son coeur s'accélérer, et voyant que le message avait été envoyé vingt minutes plus tard, il se mit à pester contre cet appareil de malheur à qui il ne pouvait plus faire confiance. Sans perdre de temps, il fourra son téléphone de nouveau dans sa poche, avant de faire demi-tour, et de foncer vers cet hôpital de malheur.
En peu de temps, il y fut. Une dizaine de minutes peut-être. Il balança son VTT dans un coin de verdure au bord de l'hôpital, et se mit à courir en direction de l'entrée. Il ressentit comme un coup de poignard dans son genou. Pestant, râgeant, il se calma, mais essaya quand même d'arriver le plus rapidement possible à l'acceuil. Il demanda alors des nouvelles. La dame devait le prendre pour un fou, tellement il était essoufflé, et confus dans ses propos. Elle finit néanmoins par lui dire sa chambre, mais lui avoua qu'elle n'en savait pas plus. Il ne prit pas le temps de la remercier et fonça. Il connaissait l'hôpital par coeur, et finit par arriver, tout essoufflé au deuxième étage. Il faillit renverser une dame. Cette dame pleurait aussi. Elle allait visiblement mal, et Mattia se demanda même si ce n'était pas.. madame Clarke. Dans son élan, il n'avait pas vraiment fait attention, mais il parierait quand même que c'était elle. Comme ce n'était pas elle qu'il désirait voir -c'était même celle qu'il désirait le moins voir-, Mattia ne s'attarda pas. Il arriva rapidement devant la porte N°8. Il hésitait à rentrer, et se décida quand même quand il entendit un sanglot, un peu plus loin. Il se retourna, et l'apperçut. Son Ella. Tremblant de tout son corps. Pleurant à chaudes larmes. Il s'approcha d'elle. Comme elle était assise, il passa une main autour de ses épaules, et se pencha pour lui faire un baiser dans les cheveux. Il murmura alors un « Ella... » Il la contourna, et alla s'asseoir, juste à ses côtés. Son bras de nouveau autour de ses épaules, il la serra dans ses bras. « Je suis là, Ella... » Il n'avait jamais été trop doué pour calmer les gens. Il avait l'impression de ne jamais sortir les bons mots. Il faut dire aussi que c'était très dur. Comment trouver des bons mots quand quelque chose de grave arrivait à quelqu'un de bien? Pourquoi le malheur s'abat-il toujours sur les meilleures personnes? Comme par hasard, là, il venait d'arriver quelque chose au père d'Ella. A ce père qui était fier de ses enfants, et qui était fier d'être papy. Par contre, rien n'arrivait à celle qui avait renié sa fille car elle avait eu le malheur -oui, le malheur- de devenir maman trop tôt. C'était peut-être violent cette pensée, mais c'était ce que Mattia pensait. Il caressa doucement les cheveux d'Ella, et demanda alors. « Que se passe-t-il? »
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Sujet: Re: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Sam 19 Oct - 17:17
Recroquevillée sur moi-même, je pleurais. Des bras m’entourèrent et un baiser se posa dans mes cheveux. J’affichais alors un très maigre sourire rassuré. J’étais rassurée de ne plus être seule. De sentir la personne que j’aime le plus au monde près de moi. « Ella... ». Il se mit assis à côté de moi. Il passa son bras protecteur et rassurant autour de moi. « Je suis là, Ella... ». Je regardais Mattia les yeux ruissellent de larmes. Heureusement qu’il était là. J’avais besoin de lui. Besoin de soutien. Je me blottissais un peu plus contre lui. Inspirant grandement alors qu’il caressait mes cheveux. Je n’arrivais pas à parler, à lui expliquer. Parce qu’il avait débarqué là mais, il ne savait pas ce qui se passait. « Que se passe-t-il? ». Je tentais d’essuyer mes larmes mais rien que d’y repensais, mes yeux étaient noyés. « Mon père… il a eu un accident de voiture. ». Je fermais les yeux pour tenter de retenir mes sanglots. Un accident de voiture, pourquoi lui ? J’avais roulé comme une idiote pour venir ici quand j’y pensais et… il ne m’était rien arrivé ! Lui, il roulait normalement et un abrutit avait grillé un feu rouge. « Il est dans un état critique et ses organes le lâchent petit à petit, ils sont en train de l’opérer… ». J’éclatais littéralement en sanglot étant totalement incapable d’aligner ne serait-ce qu’un mot de plus.
Il m’avait fallu plusieurs longues minutes pour me calmer et cesser de pleurer. « Merci d’être là… ». J’en avais besoin. Parce qu’il était certain que je ne pouvais pas compter sur ma mère. Comment osait-elle m’insulter dans de telles conditions ? Était-elle si inhumaine ? En tout cas, je préférais éviter d’en parler à Mattia. Il en voulait bien assez à ma mère. « Je ne comprends pas pourquoi ça arrive à mon père… j’ai encore besoin de lui… ». Je baissais les yeux. Je m’en voulais de ne pas avoir passé plus de temps avec lui. Je m’en voulais de ne pas avoir défié ma mère. De ne pas avoir permis à mon père de voir son petit-fils tous les jours ou presque.
Un médecin se présenta alors devant Mattia et moi. Il semblait anxieux et mal à l’aise. Je me levais de la chaise en serrant la main de Mattia. « Mademoiselle Clarke eu… où est votre mère ? ». Il se mit à la chercher du regard. Il voulait sans doute parler à tous les membres de la famille présents. « Je ne sais pas, comment va mon père ? ». J’en avais rien à faire d’où pouvait bien être ma mère. Je voulais juste qu’on me dise que mon père allait s’en sortir. « Il vient de sortir du bloc, l’opération c’est bien passé mais… il se pourrait qu’il est à subir d’autres opérations, ses organes lâchent petit à petit et il respire uniquement à l’aide d’une machine… ». A nouveau, des larmes roulèrent sur mes joues. L’opération avait sauvé un de ses organes. Mais ils étaient tous en train de faiblir. Il ne respirait pas tout seul. Y avait-il une infime chance qu’il s’en sorte. « Il y a de fortes chances que votre père ne survive pas sans cette machine et on ne l’arrêtera pas sans l’accord de toute votre famille mais… vous devriez y réfléchir. ». Le médecin nous quitta sur ces mots alors que je me blottissais contre Mattia.
Je ne voulais pas avoir à prendre une telle décision. « Qu’est-ce que je vais faire ? ». Je ne pouvais pas croire que mon père allait mourir.
Sujet: Re: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Sam 19 Oct - 23:15
Elle tremblait. Elle pleurait. Elle allait mal. Et lui, il n'avait pas l'impression de servir à grand chose. Dès qu'elle fut dans ses bras, elle ne s'était pas calmée pour autant. Il entendait ses pleurs, sentait ses tremblements, voyait toute sa tristesse. Et il ne pouvait rien y faire. Il avait beau essayer de trouver quelques mots pour l'apaiser, il avait l'impression que c'était pire. Il fallait que ça sorte, et tant qu'il était là, autant qu'Ella libère tout ce qu'elle avait sur le coeur. Toute cette tristesse qu'elle accumulait depuis qu'elle avait appris. Alors même qu'il lui demandait ce qui se passait, la jeune fille essaya, tant bien que mal, d'effacer ses larmes. « Mon père… il a eu un accident de voiture. ». Un accident de la route. Mattia ferma aussi un instant les yeux, revoyant le papa d'Ella, avec Lleyton dans ses bras. Il serra alors sa petite amie plus fort dans ses bras. « Il est dans un état critique et ses organes le lâchent petit à petit, ils sont en train de l’opérer… ». Elle perdit alors pied, s'écroulant d'avantage. Ne pouvant rien faire de plus que de la soutenir, Mattia la serra dans ses bras. Sa main posée dans ses cheveux, il les caressait, ne cessait pas de dire des « Jesuislà » Des Je suis là qui voulaient tout dire et rien dire. Qui voulaient dire vas-y, pleure. Qui voulaient dire tu n'es pas seule. Ils restèrent ainsi un moment, un long moment, une éternité même aux yeux de Mattia. Non pas qu'il ne voulait pas d'Ella dans ses bras, à la consoler, mais la voir pleurer et la voir dans ce si grand état de tristesse le rendait malade. Il aurait aimé pouvoir se pencher sur le lit de celui qui était son 'beau-père' -même si ils n'étaient pas mariés-, et d'un coup de baguette magique le rendre de nouveau en bonne santé. Il aurait vraiment tout fait pour ça. Mais il n'y pouvait rien. Lui, et personne d'autres. Ils n'avaient maintenant qu'à attendre ce que le destin allait leur dire. « Merci d’être là… ». Il tourna la tête vers la jeune fille. Elle le remerciait pour une chose tout à fait normal. Elle-même, elle aurait fait la même chose si il était à sa place. Il attrapa alors sa main et la serra. « Je ne comprends pas pourquoi ça arrive à mon père… j’ai encore besoin de lui… ». Elle baissa son regard. Il ne doutait pas qu'elle tentait par tous les moyens de refouler ses prochains sanglots. Il approcha sa bouche de son crâne, et lui refit un bisou dessus, avant de lui murmurer. « Je sais. » Il avait bien envie d'hurler que c'était dégueulasse. Mais il n'ajouta rien. Ca ne servait à rien de dire ça. Surtout devant elle.
Ils furent alors interrompus par un médecin. Pas super à l'aise. Ella se releva, suivi de Mattia, et serra un peu plus sa main. Pour lui montrer qu'il était là, qu'il resterait là, le jeune papa posa sa main libre sur celle d'Ella, celle qui tenait déjà son autre main. « Mademoiselle Clarke eu… où est votre mère ? ».Quoi? Il croyait que cette salope était ici? Avec sa fille? Normalement, ouais, elle aurait du. Mais sa fierté l'en avait empêché. Elle préférait voir sa fille pleurer son père sans la regarder. Intérieurement, Mattia bouillonnait. « Je ne sais pas, comment va mon père ? ». Heureusement, Ella venait de changer de sujet. Elle demandait des nouvelles de son père. Là, les yeux de Mattia se posèrent sur le médecin. Il priait. Espérait vraiment qu'il allait apporter de bonnes nouvelles. « Il vient de sortir du bloc, l’opération c’est bien passé mais… il se pourrait qu’il est à subir d’autres opérations, ses organes lâchent petit à petit et il respire uniquement à l’aide d’une machine… ». Mattia ferma les yeux. Il lâcha la main d'Ella pour passer, cette fois, son bras autour de ses épaules. Pour bien la soutenir. Qu'est-ce qu'il y avait de plus terrible pour un enfant d'apprendre la mort proche d'un de ses parents? Surtout de son parent qui l'avait toujours soutenu? « Il y a de fortes chances que votre père ne survive pas sans cette machine et on ne l’arrêtera pas sans l’accord de toute votre famille mais… vous devriez y réfléchir. ». Il serra un peu plus fortement Ella. Dès que le médecin s'éclipsa, cette dernière vint se blottir dans son torse. Cette annonce était cruelle. En gros, le père d'Ella était en train de mourir. Il ne pouvait plus respirer tout seul. Il ne pouvait plus rien faire de lui-même. Et le médecin demandait qu'on débranche à un moment donné la machine. C'était horrible. De se dire que la vie de Jamie Clarke dépendait de la volonté de sa famille. Si sa famille disait de stopper la machine; il mourrait. « Qu’est-ce que je vais faire ? ». Il sortit de ses pensées, et regarda la jeune fille. Il était démuni. Complètement dépassé. Que pouvait-il bien lui dire? Il posa sa main sur sa joue, et commença avec son pouce à essayer de sécher les larmes de la jeune fille. Il trouvait ça très dur. Les médecins étaient sans coeur. Elle venait d'apprendre que son père avait un accident. Puis, elle apprenait qu'il était au bloc. Puis là, il demandait limite ce qu'ils voulaient faire; débrancher ou non la machine. Tout ça en quelques heures. C'était trop soudain. Trop brutal. « Je ne sais pas. » murmura-t-il. Il détestait dire ces quatre mots. Surtout là, alors qu'elle aurait sans doute aimer entendre autre chose de sa bouche. Tout en continuant de caresser, sécher les larmes d'Ella, Mattia pensa à Ashton. Il ne savait même pas si il était au courant. « Ash sait? » demanda-t-il alors, d'une voix très calme.
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Sujet: Re: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Dim 27 Oct - 22:17
Prendre une décision. Je n’en étais actuellement pas capable. C’était mon papa qui était dans le coma. L’homme qui m’avait vu grandir. L’Homme dont les yeux brillait de fierté depuis mes premières compétitions. L’Homme qui m’avait appris à construire une cabane dans les bois. L’Homme qui… ne m’avait pas jugé quand j’étais tombée enceinte. Celui qui avait voulu me réconcilier avec ma mère et qui avait accepté avec fierté que mon fils porte son prénom. C’était mon papa. Je ne pouvais pas renoncer à lui. « Je ne sais pas. ». Mattia tentait de sécher mes larmes sans grand succès. Mais, il était présent. J’avais ses bras, son torse, son amour. Il était là pour m’aider à tenir. Et heureusement. « Tu crois qu’il… souffre ? ». C’était tout ce que je ne voulais pas. Je ne voulais pas renoncer à mon père. Mais, je ne voulais pas qu’il souffre. Il était tout de même entre la vie et la mort. Et ses organes le lâchaient. J’ignorais s’il ressentait quoique ce soit. Mais l’idée que oui me faisait incroyablement peur. « Ash sait? ». Je hochais la tête positivement. « Oui, c’est lui qui m’a prévenu mais, il est bloqué à Portland… ». En effet Ashton avait été à Portland pour des rendez-vous importants. Je n’en savais pas bien plus si ce n’est qu’il y avait été en train pour me laisser la voiture. Et que du coup, il devait attendre le train du retour.
Je posais ma tête sur l’épaule de Mattia tout en apercevant la silhouette de ma mère dans le couloir. « Je devrais prendre la décision avec ma mère en toute logique… » En toute logique mais, même en ce moment elle ne parvenait pas à me parler. « Je l’ai entrevue dans la chambre de mon père tout à l’heure…elle s’en est encore prise à Lleyton… comme si c’était le moment… ». Je n’en revenais pas qu’on puisse en être là. Plus je la regardais et plus la situation me semblait saugrenue et douloureuse. « Heureusement que t’es là toi… ». Mes lèvres se posèrent sur sa joue. Mattia n’était vraiment et définitivement pas un diable. Et quand j’y pensais c’était peut-être la vie qui était diabolique. Les choses commençaient tout juste à s’arranger pour lui, pour moi. Et voilà que mon père était sur le point de mourir. Comme si tout s’acharnait. Comme si nous n’avions pas le droit à un peu de répit.
Je soufflais un instant en pensant que justement, les choses commençaient à aller mieux pour Mattia. Et notamment aujourd’hui, il avait dû aller voir son futur patron. « Et ça c’est bien passé avec ton patron ? ». J’essuyais mes larmes d’un revers de la main pour écouter Mattia. Je ne voulais pas qu’il passe après. Et j’avais besoin de parler d’autres choses. D’entendre de bonnes nouvelles. D’ignorer le fait que ma mère était en train de pleurer dans son coin. D’ignorer cette envie de la consoler. Et cette peur qu’elle me rejette encore.
Sujet: Re: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Jeu 31 Oct - 20:09
C'était assez rare les moments où Mattia se sentait complètement démuni. En temps ordinaire, il trouvait toujours quelque chose à répondre, que ce soit un truc sérieux, ou même une connerie pour détendre l'atmosphère. Mais là, il ne pouvait pas s'engager dans ce terrain; il n'en avait de toute façon pas le courage. Elle lui avait coupé le sifflet. Il n'arrivait toujours pas à croire que ce père, celui qui avait toujours tout fait pour ses enfants, se retrouve d'une minute à l'autre maintenu à la vie par une machine. C'était juste épouvantable. Il n'osait même pas imaginer dans quel état sentimental se trouvait sa petite amie. Il se contentait juste, du coup, d'être à ses côtés, de la serrer contre lui, de sécher ses larmes, et de l'embrasser. « Tu crois qu’il… souffre ? ». Ses yeux se posèrent sur Ella. Il avait terriblement mal au coeur pour elle. Pour elle et pour Ashton. Il ne savait pas trop. Est-ce que quand on est inconscient, on ressent quand même la douleur? Est-ce que le mal peut se ressentir même endormi? Il haussa alors les épaules, et caressa doucement la joue d'Ella, essuyant au passage quelques larmes qui coulaient encore, silencieusement. « Je ne crois pas. Il.. Ils ont du tout faire pour que non Ella. » Au pire du pire, dans le doute, les médecins avaient sûrement donné tout ce qu'il fallait pour que non, il ne souffre pas. De tous ces séjours à l'hôpital, alors que c'était mille fois moins grave que lui, Mattia avait remarqué une chose : la douleur était la bête noire des médecins. Ils faisaient tout, mais vraiment tout ce qui était en leur pouvoir, pour que les patients n'hurlent pas. Alors qu'il était toujours en train de caresser le visage de sa petite amie, il demanda si Ashton était au courant. Aussitôt, Ella lui dit que oui. « Oui, c’est lui qui m’a prévenu mais, il est bloqué à Portland… ». Il secoua alors la tête. Heureusement dans un sens. Il ne se sentait pas capable de prendre son téléphone et d'annoncer à son beau-frère que son père allait plus que mal.
Ella posa alors sa tête sur son épaule. Il posa lui doucement ses lèvres sur le haut de sa tête. « Je devrais prendre la décision avec ma mère en toute logique… » Sa mère. C'était horrible de penser qu'ils allaient devoir prendre la décision; Ensemble. Comme si ce mot pouvait désigner cette famille. Comment une mère qui renie ses enfants pouvaient se lier avec eux pour prendre une décision aussi horrible? « Je l’ai entrevue dans la chambre de mon père tout à l’heure…elle s’en est encore prise à Lleyton… comme si c’était le moment… ». En entendant ses mots, la mâchoire de mattia se crispa. Il n'en revenait pas. Cette femme n'était qu'une salope. Une belle connasse. Il l'avait toujours hait, pour avoir autant fait pleurer Ella. Il ne lui avait même que rarement parler -de peur de péter un câble devant elle-, mais là, en entendant ces mots, il sentait qu'il s'énervait. Heureusement qu'Ella était là, la tête sur son épaule, et qu'elle ne le voyait pas. « Attendez Ashton non? Pour que vous soyez tous les trois. » Il la serra alors un peu plus fort. Il avait fait exprès de ne pas parler de sa mère. Il la détestait. Et ce n'était pas le moment de lui montrer qu'il ne l'aimait guère.
« Heureusement que t’es là toi… ». Il sentit un bisou sur sa joue. Son regard se reposa sur Ella, et il essaya de lui faire un petit sourire. Ce geste n'était pas de circonstances, mais c'était pour bien lui montrer qu'il était là, pour elle. Il était vraiment triste, abbatu, et dépité de la voir ainsi. De sentir tout ce qu'elle ressentait. « C'est normal. Tu peux compter sur moi, autant que je peux compter sur toi. » Il avait dit ça, juste pour lui rappeler à quel point, elle aussi elle était tout le temps, quand il allait mal. Elle était tout le temps là.
Ella semblait alors se poser une question, et elle ne tarda pas à la poser. « Et ça c’est bien passé avec ton patron ? ». Fronçant un peu les sourcils, Mattia mit quelques secondes avant de réagir. Il avait complètement oublié qu'une heure auparavant, il discutait avec son nouveau patron. Il y repensa alors, et serra un petit peu plus fort sa petite amie dans ses bras. « Super bien. Il est très sympa, et je m'entends déjà bien avec. » Il avait appris quelques petites choses sur son travail; notamment que parfois, il allait devoir partir pour deux jours. Ca, il ne savait pas si il l'avait déjà annoncé à Ella. Mais il préférait attendre avant de lui en parler. Il passa sa main dans ses cheveux, et reprit alors. « Je sens que je vais adorer ce que je vais faire. » Il se sentait un peu mal de dire ça, là, au milieu des couloirs de l'hôpital, alors qu'à quelques mètres de lui le père d'Ella était en train de partir. Il lui fit un petit sourire, et l'embrassa alors sur le front.
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Sujet: Re: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Mer 6 Nov - 19:53
La souffrance, c’était l’une de mes plus grandes à cet instant. Mon père était presque mort mais encore vivant mais, souffrait-il ? Le fait de ne pas respirer par lui-même le faisait-il souffrir ? Et ses organes ? Je ne parvenais pas à répondre à cette question. Mais j’étais horrifiée à l’idée qu’elle puisse être positive. « Je ne crois pas. Il.. Ils ont du tout faire pour que non Ella. ». Je l’espérais sincèrement parce que cette idée m’était insupportable. Tout aussi insupportable que cette idée que j’allais le perdre. Parce que même si je me réconfortais à espérer que non. Je savais que ce n’était qu’illusion.
Je devais prendre une décision avec Ashton mais surtout avec ma mère. Et c’était compliqué parce qu’elle me rejetait. Et elle rejetait mon fils, elle rejetait Lleyton. J’ignorais pourquoi j’avais ce besoin de parler d’elle à Mattia. Je savais qu’il ne l’aimait pas. Et c’était réciproque de toute façon. . « Attendez Ashton non? Pour que vous soyez tous les trois. ». C’était bien dans mes intentions. Mais j’ignorais quand il pourrait être de retour. Et je redoutais un nouveau face à face avec elle. « Oui c’est ce qu’il y a de mieux à faire mais j’ai peur de me retrouver face à elle, à nouveau… ». Surtout pour parler de débrancher ou non mon père… c’était tellement… morbide…
Enfin, heureusement que Mattia était là pour moi. « C'est normal. Tu peux compter sur moi, autant que je peux compter sur toi. ». C’est vrai qu’on s’était toujours épauler –grossesse mis à part-. Il m’avait toujours soulevé au-delà des nuages même quand ça n’allait pas. Et inversement.
Mais bon je préférais parler de choses positives qui me permettaient de croire encore en la vie. Des choses qui me permettaient de ne pas m’effondrer. « Super bien. Il est très sympa, et je m'entends déjà bien avec. ». Ça j’en étais ravie. C’était aussi important pour moi que pour Mattia. Il passa tendrement sa main dans mes cheveux. « Je sens que je vais adorer ce que je vais faire. ». Il me fit un petit sourire et m’embrassa sur le front. « J’en suis ravie mon amour, ça fait au moins une bonne nouvelle. ». Je lui offrais un très beau sourire, sincèrement heureuse d’entendre ça. « Et tu commences quand du coup ? ». J’avais vraiment besoin de parler de la vie. Pour ne pas penser à la mort justement.
Cependant une silhouette fine et droite se présenta devant nous. Un air hautain sur le visage malgré son maquillage dégoulinant. Ma mère en somme. « Ton frère n’est pas là ? ». Son ton était tellement glacial que j’en avais des frissons dans le dos. « Non, il est bloqué sur Portland… ». Je n’avais pas pu faire autre chose que tenter d’être aimable. Parce que cette situation ne me plaisait pas mais elle, elle en avait rien à faire.
Sujet: Re: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Sam 9 Nov - 0:38
La vie était parfois dégueulasse. Les enfants Clarke ne s'entendaient plus avec leur mère, et voilà que chacun des trois doivent se mettre d'accord sur un truc énorme. Le débranchement d'une machine. Celle qui maintient en vie leur père. Rien que d'y penser, Mattia avait terriblement mal au coeur pour Ella et Ashton. Surtout que cet homme, qui vivait avec, ce n'était pas n'importe lequel. Aussi sadique que cela puisse être dit, ce n'était pas lui qui méritait de mourir dans ce couple. Bien au contraire. Il méritait de vivre. De vieillir. Et à cause d'un chauffard, il n'en avait pas le droit. Se rendant compte de l'atrocité de la situation, le jeune Jarvis serra sa petite amie dans ses bras. Elle ne méritait tellement pas ça. « Oui c’est ce qu’il y a de mieux à faire mais j’ai peur de me retrouver face à elle, à nouveau… ». Face à elle, c'était face à cette mère atroce; Celle qui ne méritait même pas le nom de mère.
Ella changea alors de sujets; elle essayait de trouver d'autres préoccupations, tentait de penser à tout autre chose. Elle lui demandait alors comment c'était passé l'entretien. Super. Mattia était partie de chez eux, en stressant un petit peu. Au final, tout s'était tellement bien déroulé qu'il était revenu avec un grand sourire sur les lèvres. Son patron était très sympa. Il était persuadé qu'enfin la vie, à lui et à Ella, allait leur sourire.. Jusqu'à ce qu'il entende le message de sa petite amie. « J’en suis ravie mon amour, ça fait au moins une bonne nouvelle. ». Et dire qu'elle trouvait encore la force et le courage de lui sourire. Comme quoi, Ella était juste formidable. « Et tu commences quand du coup ? ». Il était à une seconde de lui répondre quand il aperçut à leur côté une silhouette. De femme visible. Le regard de Mattia se posa sur elle, et instinctivement, il passa un bras autour des épaules de la jeune fille. Pour montrer qu'il était avec elle. Devant eux se tenait Mme Clarke. Chieuse. Horrible bonne femme. Il exagérait bien sûr, mais il ne l'appréciait guère. Elle était tellement hautaine, tellement mauvaise dans son regard qu'il n'avait même pas envie de la saluer. « Ton frère n’est pas là ? ». Même Mattia fut parcouru d'un frisson. Le ton glacial de sa voix contrastait énormément avec son visage mouillé de ses larmes. Elle venait quand même d'apprendre que son mari allait mal. Elle venait d'apprendre qu'ils allaient devoir peut-être le débrancher. Mais le ton de sa voix ne montrait pas ça. « Non, il est bloqué sur Portland… ». Ses doigts se serrèrent sur le bras de sa petite amie. Il voulait vraiment lui montrer qu'il était là, qu'il était prêt d'elle, qu'il ne l'abandonnerait pas.
Son regard se reposa malgré lui vers elle. Elle l'avait totalement ignoré, ce qu'il appréciait plutôt bien. Il était tellement énervé contre elle pour avoir en quelque sorte abandonner Ella qu'il était capable de ne pas être très sympa avec. Il n'allait rien dire jusqu'à ce qu'il comprenne alors pourquoi Ash était bloqué. Il avait laissé la voiture à Ella. Il était parti en train. « Il devrait prendre le prochain train. » fit-il alors, plus pour lui-même que pour la mère d'Ella. Il ne savait pas quoi dire d'autres. Il avait totalement zappé sa belle-mère. Il ne cessait de repenser à ça. Un accident de la route. Comment c'est possible? Secouant doucement la tête, il se demanda comment c'était possible. Ses yeux se posèrent sur Ella. Elle-même devait se poser cette question. Elle-même devait se demander pourquoi un accident. Pourquoi lui. Et y en avaient-ils d'autres, des victimes fauchées sur le bord de la route? Plus il y pensait, plus il avait froid dans le dos. Et plus il avait pitié pour Ella. Elle qui l'aimait tant.
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Mer 13 Nov - 21:58
Ma mère était impassible et froide. Pourtant je savais qu’elle n’allait pas bien. Qu’autour d’elle tout s’écroulait. Parce qu’elle était folle amoureuse de mon père. Et incapable de renoncer à lui. Elle ne pouvait pas l’admettre. Il fallait qu’elle m’apparaisse comme inébranlable. Comme si j’allais jouer de sa faiblesse. On parlait de son mari, de mon père. Ce n’était pas un jeu. Il n’y avait pas de fierté. Elle devait laisser tomber le masque mais… non.
Mattia me serrait un peu plus contre lui pour me montrer qu’il était bien là. Qu’il ne m’abandonnait pas. Et que je n’avais pas à avoir peur de ma mère. Elle l’ignorait royalement. Mattia était pour elle celui qui avait déshonoré sa fille. Ou un truc du genre. Bref, elle ne l’aimait pas. Et elle n’avait jamais cherché à l’aimé. . « Il devrait prendre le prochain train. ». Oui, c’était ce qui était prévu. J’espérais sincèrement qu’il en aurait un rapidement. « Je suppose qu’il t’a laissé la voiture. ». Elle me lança un regard accusateur. Comme si elle aurait voulu que je sois à Portland. Et ce n’était peut-être pas comme si. Sûrement pas en fait. Je décidais de ne rien ajouter, de toute façon elle avait déjà tourné les talons.
Je posais ma tête sur l’épaule de Mattia. Il n’y avait rien à ajouter. Ma mère ne changeait pas dans le chagrin. « Tu crois qu’on peut laisser Lleyton à Astrée cette nuit ? Je n’ai pas envie de l’angoisser… ». C’est vrai que je ne voulais pas que Lleyton me voit comme ça. Je ne voulais pas prendre le risque qu’il angoisse. Je préférais le savoir à gazouiller. Rire. Et Astrée s’en occupait à merveille. Le pire c’est que ça ne semblait même pas la déranger de garder Lleyton. Au contraire.
Je posais ma tête sur l’épaule de Mattia, fermant les yeux un instant pour chasser toutes mes pensées. C’était affreux que de le savoir entre la vie et la mort. Ce n’était pas comme s’il était mort toute de suite et qu’il fallait accepter. Ce n’était pas non plus comme s’il était vivant et que la joie n’avait qu’à renaître. Non, c’était un mélange amer entre espoir et désespoir. « Je n’arrive pas à envisager qu’il puisse mourir… ça me semble irréel… tu crois que c’est stupide d’espérer qu’il puisse s’en sortir ? ». L’Espoir, étrangement ça avait toujours été ma force et mon point faible. « Et si on décide de ne pas débrancher et qu’il s’en sort mais avec des séquelles ? C’est mon père… je peux pas prendre une décision comme ça. ». Les larmes roulèrent sur ma joue. Je n’arrive pas à éclipser toutes ces pensées de mon esprit. Enfouie dans le cou de Mattia, je me laisser aller.
Sujet: Re: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Ven 15 Nov - 22:25
Mattia avait beau se dire que cette femme n'allait pas bien, qu'elle devait se sentir hyper mal de savoir son mari entre la vie et la mer, il ne pouvait pas s'empêcher de ne pas avoir pitié pour elle. Il avait pitié pour cet homme qui ne méritait pas ça. Il avait pitié pour Ashton et Ella qui n'allaient peut-être bientôt plus avoir de père. Mais il n'avait pas pitié pour cette femme. Son regard hautain, et toute cette haine qu'il lisait dans son regard face à sa fille l'empêchait d'en avoir. Et ce n'était pourtant pas faute d'y penser, et d'essayer de se mettre à sa place. « Je suppose qu’il t’a laissé la voiture. ». Son ton était sec. Son regard était accusateur. Et aussitôt, avant même que l'un des deux puisse rétorquer quoi ce soit. Cette fois, Mattia ne put s'empêcher de souffler un coup. Il en était vraiment désolé pour Ella; mais sa mère l'insupportait. Cette bonne femme était juste horrible. Il se calma aussitôt lorsqu'il sentit la tête d'Ella reposer sur son épaule.. « Tu crois qu’on peut laisser Lleyton à Astrée cette nuit ? Je n’ai pas envie de l’angoisser… ». C'était une bonne idée. Lleyton comprenait toujours tout. A croire qu'il avait un cinquième sens. Quand sa mère était triste, en général, son fils était tout aussi triste. Il n'arrêtait pas de pleurer. Par contre, quand tout allait bien, le petit allait bien. Il riait, gazouillait. Mattia en était persuadé; ce gamin ressentait tout ce que sa mère ressentait. C'était peut-être le lien qui unissait un enfant à sa mère. Du coup, oui, l'idée de laisser Lleyton dormir chez Astrée semblait être une bonne idée. Surtout que la demoiselle ne dirait sûrement pas non.
Il serra sa petite amie dans ses bras, et dit alors. « Je pense que oui. Je lui demanderai après. » Après. Après qu'il ait finit de la consoler. Après qu'ils aient d'autres nouvelles. Il jeta un coup d'oeil à Ella. Sa tête posée contre son épaule, elle ferma un peu les yeux. « Je n’arrive pas à envisager qu’il puisse mourir… ça me semble irréel… tu crois que c’est stupide d’espérer qu’il puisse s’en sortir ? ». Ses yeux relevés vers lui, elle tentait d'essayer de se rattacher à l'espoir. Il connaissait ce sentiment. Posant alors doucement une main sur sa joue, Mattia répondit alors. « C'est loin d'être stupide. Je crois même que c'est une preuve que tu l'aimes.. » Et ça, ce n'était pas des paroles en l'air. Il en était convaincu. Convaincu parce qu'on le lui avait lui-même dis. « Tu sais, quand mon père était malade, et qu'on m'a dit qu'il allait partir, j'ai espéré qu'il s'en sorte. Je me disais que tous ces médecins n'étaient que des connards et je me faisais des petits paris. Je me disais par exemple que si je gagnais mon prochain match, papa vivrait. J'étais le plus heureux quand je gagnais, et le plus triste gamin du monde quand je perdais..» Il se souvenait de tout ça. Et puis, un jour, alors qu'il avait compris que son père ne pourrait pas s'en sortir, et que tous ces médecins n'étaient pas des connards, il avait espéré que son père puisse le voir remporter la première place du cross de l'école. Il était arrivé premier, et avait apporté la toute petite médaille qu'on lui avait remise à son père. Il était décédé le lendemain. Comme quoi, l'espoir sert à quelque chose. Il embrassa le front d'Ella. Elle était loin d'être stupide. C'était normal. Ca montrait même tout l'amour qu'elle avait pour lui; pour son père. Elle demanda alors. « Et si on décide de ne pas débrancher et qu’il s’en sort mais avec des séquelles ? C’est mon père… je peux pas prendre une décision comme ça. ».
Cette fois, les larmes coulèrent sur les joues d'Ella. Elle perdait pied. Il sentait qu'elle se collait tout contre lui. Il la serra un peu plus fort, ses bras tout autour d'elle. Sa bouche contre son crâne, il fit un baiser à la jeune fille. Bon sang ce qu'il avait mal pour elle. De la voir ainsi, de savoir son père aussi mal, Mattia finit par avoir les larmes aux yeux. Alors, la serrant tout contre lui, il essaya de la rassurer. « Ne pense pas à ça, Ella.. N'y pense pas.. » Pas encore du moins. A un moment, il faudra y penser. A un moment, il faudra qu'elle s'imagine toutes les possibilités. « Et puis, tu ne seras pas seule à prendre cette décision.. Il y aura Ashton aussi. Et je suis sûr que vous trouverez celle qu'il faudra prendre.. » Et il l'embrassa encore une fois.
DOUBLE-COMPTE : Carlie. MESSAGES : 8680 ARRIVÉE : 07/09/2011 LOCALISATION : Dans le pays où on ne grandit jamais.
Sujet: Re: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Lun 18 Nov - 19:30
Je préférais que Lleyton soit ailleurs ce soir. Parce qu’il avait besoin d’attention. Et que si on ne lui apportait pas, il allait être angoissé. Mattia m’avait l’air de cet avis aussi et franchement tant mieux. « Je pense que oui. Je lui demanderai après. ». Je me laissais aller un peu dans ses bras qu’il serrait contre moi. Heureusement qu’il était avec moi. Dans cette attente. Dans cet enfer. Je voulais que mon père s’en sorte. Je voulais espérer. Je voulais y croire. Et je me sentais stupide pour ça. Mais c’était bien plus fort que moi. « C'est loin d'être stupide. Je crois même que c'est une preuve que tu l'aimes... ». Je laissais sa main caresser ma joue, m’apaiser. Il avait sans doute raison. C’était peut-être l‘acceptation qui aurait été plus stupide. Toutefois, j’avais peur d’élever mon espoir toujours plus haut et de tomber de ce sommet d’espoir. J’étais morte de trouille à l’idée de perdre mon papa. Il était un point de repère dans ce monde. L’étoile qui aurait pu me guider même dans le noir des ténèbres. Parce que même sans être à mes côtés, il veillait toujours sur moi. « Tu sais, quand mon père était malade, et qu'on m'a dit qu'il allait partir, j'ai espéré qu'il s'en sorte. Je me disais que tous ces médecins n'étaient que des connards et je me faisais des petits paris. Je me disais par exemple que si je gagnais mon prochain match, papa vivrait. J'étais le plus heureux quand je gagnais, et le plus triste gamin du monde quand je perdais..». Mais l’espoir lui avait permis de tenir, d’y croire, de rester quelque peu un enfant. Mattia avait raison, dans le fond, l’espoir c’était tout ce que j’avais. Et je devais m’y accrocher même si je devais être déçu. Quand on aime, on ne peut pas ne pas espérer. « Mais c’est l’espoir qui t’as fait tenir… ». Je lui offrais un sourire comme pour le remercier. Parce que vraiment j’avais besoin de le faire.
Je ne voulais pas perdre mon père. Je ne voulais pas qu’il ait des séquelles non plus. Et cette situation me faisait mal. Le fait d’y penser me brisait, littéralement. « Ne pense pas à ça, Ella... N'y pense pas... ». Non, il ne fallait pas que j’y pense mais c’était plus fort que moi. Je ne pouvais pas m’ôter ces idées de la tête. Cette réalité affreuse de la tête. « Et puis, tu ne seras pas seule à prendre cette décision... Il y aura Ashton aussi. Et je suis sûr que vous trouverez celle qu'il faudra prendre... ». Non, je n’étais pas seule mais je ne savais déjà pas quoi penser seule. Alors m’affirmer entre ma mère et Ashton ? Prendre une décision je ne m’en sentais tout simplement pas capable. Cependant une infirmière me coupa dans mes tristes pensées. « Mademoiselle Clarke ? Vous feriez mieux de rentrer vous reposer, votre père ne pourra recevoir aucune visite ce soir, nous vous contacterons s’il y a du changement… ». Je hochais la tête pour toute réponse sans pour autant bouger. Par politesse, elle se retira sans rien ajouter.
Je me tournais alors vers Mattia, le regard triste. « Je vais appeler Ashton pour le prévenir de rentrer directement et on pourra rentrer nous aussi. ». Je posais mes lèvres sur les siennes. Je n’avais pas envie de rentrer. Je voulais voir mon père. Mais à force de fréquenter cet endroit j’avais appris qu’attendre toute la nuit était inutile quand une infirmière disait cela.
Sujet: Re: La souffrance peut occuper une telle place qu’on en oublie le bonheur. Ҩ Sam 23 Nov - 18:42
A voir Ella espérer de la sorte, Mattia espérait, lui aussi, ne pas l'induire dans de faux espoirs. Mais il ne voulait pas non plus la savoir perdue d'avance. Il n'avait pas envie de la voir pleurer un père qu'elle voyait déjà mort alors qu'il ne l'était pas. Il préférait la voir pleurer sur le sort incertain de son père que sur sa mort prononcée. C'était peut-être étrange de dire ça comme ça, mais ça changeait tout à ces yeux. Parce que l'espoir c'est quelque chose de très important. Avec l'espoir, on peut tout faire. Et c'était sans doute ce qu'il fallait à Ella. Croire que peut-être son père allait se remettre. Croire que la vie ne s'arrêtait pas à un accident. Pour qu'au moins, même si ça devait se finir mal, elle ne se reproche pas de ne pas y avoir cru. Et surtout, pour que petit à petit, l'idée de le perdre ait fait son chemin dans sa tête. C'était mieux que perdre quelqu'un aussi brutalement. Même si le résultat, au final, était le même. Rarement Mattia parlait de son père. Il n'aimait pas aborder le sujet du drame de sa vie. Parce qu'à ses yeux, il n'y avait qu'un drame dans sa vie; le cancer de son père. Tout le reste n'avait été que des conséquences désastreuses. Mais cette fois, il fit une exception. Il raconta comment il avait espéré, match après match, pouvoir voir son père guéri. Evidemment, ça n'avait pas fonctionné. Ses espoirs avaient été resté vains. Mais au moins, il y avait cru. « Mais c’est l’espoir qui t’as fait tenir… ». Il posa son regard sur Ella. Toujours serrée dans ses bras, elle lui offrait un petit sourire. Même avec les larmes aux yeux, les joues rouges, et ce petit sourire sur son visage, sa petite amie était merveilleuse. Il hocha alors la tête, et lui fit un bisou sur le front. Oui, l'espoir l'avait fait tenir.
Il essaya alors de lui faire prendre conscience qu'elle ne devait pas penser à tout ça maintenant. Qu'elle n'allait pas être seule, et tant mieux. Prendre ce genre de décisions, c'était mieux à plusieurs. Il était en train de l'observer quand quelqu'un les coupa net. « Mademoiselle Clarke ? Vous feriez mieux de rentrer vous reposer, votre père ne pourra recevoir aucune visite ce soir, nous vous contacterons s’il y a du changement… ». Une infirmière était à leurs côtés. Sentant toute la tristesse d'Ella, il la vit hocher la tête. Elle ne bougea pas d'un poil, et lui non plus. Il se contenta juste de serrer Ella dans ses bras. L'infirmière était maintenant partie, et Ella, les yeux remplis de tristesse, s'était retournée vers lui. « Je vais appeler Ashton pour le prévenir de rentrer directement et on pourra rentrer nous aussi. » Il hocha la tête, et rapprocha ses lèvres des siennes pour qu'elle vienne lui faire un bisou. Il lui fit alors un petit sourire. « Je vais en profiter pour demander à Astrée si elle peut garder Lleyton, et je passerai lui déposer quelques affaires si elle peut. »
Sur ce, il se mit devant Ella. Torse contre torse, il passa ses deux bras autour de la jeune fille, et rapprocha sa tête de la sienne. Il déposa un baiser sur ses lèvres, avant de laisser sa tête venir se poser contre son torse. Caressant doucement les cheveux et le dos de sa petite amie, il lui murmura alors. « N'oublie pas; on sera toujours là pour toi. » On. Ca voulait dire tout le monde. Lui. Ashton. Astrée. Mila. Et tous les autres qui comptaient à ces yeux. Tous ceux qui pouvaient comprendre. Tous ceux qui l'aimaient.