❝ le temps s'est arrêté le jour où ton cœur a cessé de battre ❞
«
Comment as-tu pu être aussi stupide Malia ? » stupide ? C'est une façon de voir les choses. Elle ne lui adressa pas un regard, la tête baissée sur ses frêles mains menottées. A vrai dire, elle ne se rappelait plus vraiment comment elle en était arrivée là. Tout allait bien, tout était facile, avant. Avant, oui. Dieu était là, Dieu nous guidait. Alors pourquoi a-t-il arrêté à ses quatorze ans ? Elle pensait avoir une connexion spirituelle avec le grand Homme qui se cachait sous les nuages, du moins, c'est ce que sa mère lui répétait depuis son enfance, son père n'accordant pas vraiment d'importance à la foi que sa femme mettait en leur fille. «
Réponds bordel ! » Elle leva les yeux vers Ricky. Ricky c'était son oncle, le frère de sa mère. Ricky était flic à la brigade de protection des mineurs. «
J'sais pas tonton. J'suis jeune, quoi. » Ce fut la seule réponse que pu lui servir la jeune femme. Ses copines lui avait proposé de sortir, d'aller dans ce nouveau bar branché. Elles étaient toutes mineures, munies de fausses cartes d'identités, elles avaient consommé de l'alcool. Et elles s'étaient fait méchamment attrapé. Heureusement – ou malheureusement – pour elle, c'était oncle Ricky qui les avaient arrêtés. En plus d'être sous l'emprise de l'alcool, d'avoir de faux papiers, Malia avait consommé du cannabis C'était fun, c'était cool. Et puis, Lui là-haut ne donnait plus de signes de vie, alors ça voulait sûrement dire qu'elle était libre d'agir comme elle le désirait. Ou peut-être pas, en fait. En tout cas, son oncle ne semblait pas d'accord. «
Jeune ? Inconsciente oui ! Bordel, comment tes parents vont réagir en apprenant ça ? » Ce fut la panique. «
Quoi ? Non non non, tu peux pas leur dire oncle Ricky ! Maman va être déçue et papa tellement furax ! Tu peux pas leur dire. » Il arqua un sourcil et laissa échapper un lourd soupire. «
Il faut que je leur dise, il y a une caution. Tu étais ivre sur la voie publique et tu as consommé de la drogue. Je n'ai pas le choix. » A cet instant, on entendis quelqu'un toqué sur la porte en plexiglas de la salle d'interrogatoire. Le vieil homme se leva en regardant sa nièce avec inquiétude. Elle soupira, sachant pertinemment qu'elle serait consignée dans sa chambre à vie, sauf pour aller à l'école et subir une bonne dose de rappel à l’église. Les minutes semblèrent interminables jusqu'à ce que son oncle revienne dans la pièce. Il se passa une main dans les cheveux et affichait un petit sourire en coin. «
T'as vraiment de la chance. Ta caution est payée, tu peux partir. » La jeune femme parue étonnée. Qui avait pu payé sa caution ? Et surtout qui avait eu le pouvoir de la faire sortir ? Elle se leva et avança vers son oncle, tendant ses poignets pour qu'il la libère. «
Tu remercieras tante Jane en lui apportant des fleurs et ses chocolats préférés. Et propose ton aide au bureau. » Dieu merci. «
Ta tante est une sacrée avocate mais elle a besoin d'une assistante pour prendre les appels. Tu lui rembourseras la caution comme ça. Allez file avant qu'on ne change d'avis et qu'on le rapporte à tes parents. » Mine de rien, son oncle et sa tante étaient de loin les meilleurs et les personnes les plus cool qu'elle connaissait.
«
Je suis enceinte. » Il était sept heures du matin, elle et ses parents étaient réunis à table pour le petit déjeuner. Son père recracha son café et toussota. Sa mère reposa tranquillement sa tasse de thé sur la table et resta impassible. Malia était née dans une famille chrétienne et pratiquante, elle se sentait mal à cause de ça car elle, elle ne croyait pas en Dieu. «
Ce n'est pas drôle Malia, surtout a sept heures du matin, un dimanche. » Dit calmement son père. Malheureusement elle ne plaisantait pas. En couple depuis un an avec Aaron, lui aussi issu d'une famille chrétienne, ils avaient franchis le pas il y a quelques semaines. Évidemment, cela n'avait pas été évident puisqu'il avait fallut trouver un endroit et pouvoir acheter des préservatifs. Elle ne pouvait pas prendre la pilule, étant mineure, ses parents auraient été mis au courant, d'autant plus qu'ils connaissaient beaucoup de monde. «
Je ne plaisante pas. » Dit-elle d'un ton encore plus calme. «
Dans ce cas, il n'y a pas d'autres solutions. Tu dois avorter. » Sous le choc, la jeune fille fixa sa mère d'un regard noir. Comment pouvait-elle envisager cette option ? Sa religion ne lui permettait pas cette vision de la vie. Elle ne pouvait pas choisir de mettre fin à la vie d'une créature de Lui. «
Ne dis pas ça Julia. C'est cruel de faire ça. Cet enfant n'a pas demandé à être là. » Pour une fois, son père était avec sa fille et elle ne pouvait qu'être d'accord avec son avis. Sa mère se leva et prit le téléphone. La jeune fille redoutait ce qu'elle allait faire. Peut-être appelé la clinique pour programmer un avortement. Elle devait intervenir avant que cela ne soit fait. «
Maman, je refuse de faire ça. Comme l'a dis papa, il n'a pas demandé à être là. J'ai, nous avons fait une bêtises et nous devons en assumer les conséquences. » Étonnée par la maturité dont faisait preuve sa fille, la mère de Malia posa sur elle un regard plein de tendresse malgré la situation, fière qu'elle prenne cette décision. Peut-être que c'était ce qu'elle voulait, lui faire dire qu'elle devait assumer. Néanmoins, elle composa un numéro et attendit que la personne à l'autre bout du fil décroche. «
Maria, nous allons être grand-mères. Oui oui.. non ce n'est pas une blague du dimanche. Malia vient de me l'annoncer. Je ne sais pas. Ils ont dû prendre un hôtel je suppose.. Oui nous sommes aussi sous le choc... Oui, on se voit dans une heure, oui... Pas de problème. A tout à l'heure. Je t'embrasse. » Merde... sa mère ne plaisantait pas. Maintenant ce qu'elle redoutait le plus c'était la réaction d'Aaron. Ils n'avaient que dix-sept ans, ils n'étaient pas censés devenir parents. Pas maintenant en tout cas. «
Une naissance hors mariage est inacceptable. Tu peux être sûre que vous allez vous marier, peut importe votre âge. Il est hors de question d'humilier nos deux familles de cette manière, Malia. Vous allez assumer vos erreurs et jusqu'au bout. »
Agée de vingt ans, la jeune femme était mariée et maman. Cela étonnait toujours les gens. C'est vrai que ce n'était pas commun comme situation. En première année de médecine, Malia jonglait entre les études et le travail, tandis qu'Aaron venait tout juste d'intégrer l'école de police de New York. Parents d'un petit garçon, Jaden âgé de deux ans, ils étaient heureux. C'étaient les grand-parents qui s'occupaient du petit garçon lorsqu'ils n'étaient pas chez eux. Le couple avait trouvé un petit studio à loué, pas très loin de la maison familiale de Malia. Il était dix-huit heures lorsque la jeune femme sortit de la faculté de médecine, il pleuvait. A vrai dire, il y avait une averse. Le vent soufflait fort, ce qui rendait l'air d'autant plus frais. L'hiver approchait et il était rare qu'il fasse aussi frais au mois d'octobre, c'était sûrement à cause du réchauffement climatique ou une connerie comme ça. Soupirant de bonheur une fois installée dans l'habitacle de la voiture qui chauffait rapidement. Elle ne mit pas longtemps avant de rentrer chez elle. «
C'est quoi ce bordel... » Plusieurs voitures de polices et une ambulance se trouvait devant leur immeuble, avec tout le voisinage agglutiné derrière les banderoles de sécurité de la police. Elle se gara alors rapidement et s'abrita sous le parapluie. «
Vous ne pouvez pas passer mademoiselle. » Lui dit un homme en uniforme. Fronçant les sourcils, Malia lui répondit qu'elle vivait ici, que son appartement était au deuxième étage. «
Suivez-moi. » La prenant par les épaules, il la fit passer la banderole et monter à son appartement. Il était rempli de policier. Elle commença à paniquer. «
Qu'est-ce qui se passe ? » Dit-elle inquiète. Elle vit alors son mari, assis sur le canapé, la tête entre les mains. Ses mains étaient éraflées et pleines de sang. Putain. «
Mademoiselle, vous êtes la femme de monsieur ? » Elle hocha la tête, nerveuse. Inspectant des yeux leur appartement, il y avait du sang par terre. Une très grosse quantité. Qu'est-ce qui s'était passé ? Où était Jaden ? «
Vous étiez-où ? » « Je reviens de la fac de médecine. Où est mon fils ? » La panique la gagna de plus en plus. A ce moment là, Aaron releva les yeux vers elle. Ils étaient rouges, ils semblaient triste et ses yeux étaient remplis de honte et de remord. Elle s'approcha alors de lui. «
Où est Jaden ? Il est chez tes parents hein ? » Il ne répondit pas. Malia regarda alors de nouveau autour d'elle et elle comprit d'un coup. «
OU EST JADEN PUTAIN ?!! » Un policier se mis près d'elle et la pris par les épaules. «
Madame... je suis désolé... votre fils est décédé. Selon votre mari il est décédé suite aux coups qu'il lui aurait porté. On.. on a pas retrouver le corps. On va emmener votre mari en garde à vue et l'interroger jusqu'à ce qu'il nous avoue tout. » Son monde s'arrêta de tourner. Mort ? Son bébé était mort ? Tué par son mari ? Non c'était impossible. Irréaliste. Pourquoi ? Tout devint trouble et soudain, elle sentit sa tête heurter le sol, puis se fut le trou noir.
«
Ne me dis pas que c'est une bouteille de vodka vide que je vois devant toi. » Relevant les yeux, elle afficha un faible sourire. Son collègue vint alors s'asseoir à côté d'elle. Il était tard et le café était presque vide. Ayant déménagée dans un patelin inconnu, forcée par ses parents, la jeune femme replongeait de nouveau dans le noir. L'affaire de Jaden à refait surface. Dans son esprit, dans le journal. Des indices s'ajoutaient à l'affaire. En troisième année de droit, elle avait intégré un bureau d'avocats en tant que stagiaire et avait tenté d'envoyer son ex-mari en prison. Il avait été innocenté, faute de preuves. Mais que faisaient-ils de ses mains ? Du sang dans l'appartement ? De la disparition mystérieuse du corps de leur enfant ? «
L'alcool ne t'aidera pas. » Elle le savait bien, mais ça lui permettait d'oublier que le temps s'était arrêté le jour où le cœur de son bébé avait cessé de battre. Deux ans. Il n'avait même pas découvert la vie. «
Je revois son petit sourire, avec ses petites dents. Ses yeux d'un bleu aussi profond que l'océan. » Son ami soupira. Il comprenait sa douleur, sa femme et sa fille avaient péries dans un accident de voiture à cause d'un homme trop alcoolisé, il avait seulement pris un an de prison. Triste justice. La porte du café s'ouvrit alors, laissant alors entrer un vent annonçant l'arrivée de l'hiver. Cette période était encore douloureuse. Son regard se posa alors sur un homme. Non. Non, non, non. «
Malia... » Elle ne connaissait que trop bien cette voix. «
Casse-toi. » Son ton était tranchant, sec. Elle se retenait de lui sauter au cou. «
Je dois t'avouer un truc. Sur Jaden. Notre bébé. » Elle fut intriguée. Elle attendit sa réponse. «
Il est en vie. »