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 you have a forever friend, and forever has no end. (rudy)

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Quinn S. Hepburn-Wilde
Quinn S. Hepburn-Wilde
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ARRIVÉE : 16/11/2015


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MessageSujet: you have a forever friend, and forever has no end. (rudy)   you have a forever friend, and forever has no end. (rudy) EmptyJeu 19 Nov - 21:22

RUDY & QUINN —  SOMETIMES IN LIFE, YOU FIND A SPECIAL FRIEND. SOMEONE WHO CHANGES YOUR LIFE JUST BY BEING PART OF IT. THIS IS FOREVER FRIENDSHIP. YOUR FOREVER FRIEND HOLD YOUR HAND AND TELLS YOU THAT EVERYTHING IS GOING TO BE OKAY. AND IF YOU FIND SUCH A FRIEND, YOU FEEL HAPPY AND COMPLETE BECAUSE YOU NEED NOT WORRY. YOU HAVE A FOREVER FRIEND, AND FOREVER HAS NO END. Avec toute la grâce et la délicatesse (absolument inexistantes) qui m’étaient caractéristiques, je penchai la tête à l’extérieur de mon appartement pour observer mon palier par l’embrasure de la porte. Je finis par constater qu’aucun de mes voisins n’avaient eu l’idée de sortir au même instant que moi et, des paquets de marshmallows et une immense couverture dans les bras, je me précipitai à l’extérieur, claquai la porte derrière moi et dévalai les escaliers aussi vite que mes chaussons-boots en fausse fourrure rose bonbon pouvaient me le permettre. Je sortis de mon immeuble vêtue de mon legging en laine à motifs de Noël et d’un pull maxi-size et je remontai ma rue comme si tout était absolument normal. Au fond, c’était une journée des plus banales pour Quinn Hepburn-Wilde. Me balader dans la rue en pyjama avec des affaires plein les bras faisait partie de mon quotidien. Le pire était sans doute que je n’en éprouvais aucune honte.
Après, j’osais me demander pourquoi mes parents avaient été heureux d’enfin se débarrasser de moi.
Vivre avec eux ne me manquait pas. Du moins, pas réellement, puisque lorsque j’y pensais le seul regret qui me venait à l’esprit concernait les macaronis au fromage de ma mère. Je n’étais pas particulièrement douée pour me nourrir—je demeurai persuadée que j’avais déjà failli mourir plusieurs fois d’une intoxication alimentaire, ce qui aurait été particulièrement idiot puisque cela aurait signifié que j’aurais été coupable d’un homicide involontaire sur ma propre personne—mais, au moins, je connaissais les joies de l’indépendance. Je n’avais plus à prévenir quand je sortais. Je n’avais plus à porter les courses de ma mère. Je n’avais plus à l’écouter me hurler dessus à longueur de journée. Je n’avais plus de couvre-feu, ni même de personne pour me faire la morale quand je regardais des séries jusqu’à quatre heures du matin. Mieux encore, je n’avais plus à trouver d’excuse pour expliquer pourquoi tel ou tel garçon avait dormi à la maison sans que mes parents ne soient choqués par ma vie sexuelle active.
Pauvres macaronis au fromage, elles ne pesaient pas très lourd dans la balance si on y songeait bien. Pourtant, Dieu seul savait à quel point je pouvais les apprécier, surtout en cet instant où cela faisait littéralement quatre mois que je n’avais pas mangé autre chose que des plats livrés ou décongelés.
Je pénétrai à l’intérieur de l’immeuble de Rudy après une poignée de minutes. Ce même sourire continuait de flotter sur mes lèvres sans que je n’y pense réellement ; j’avais l’impression d’être chez moi. J’avais toujours l’impression d’être chez moi, même si tout semblait être différent, même si la ville n’était plus ce qu’elle avait un jour été, même si la plupart de mes amis avaient fait exactement comme mes parents et avaient pris leurs cliques et leurs claques pour se casser le plus loin possible. C’était Arrowsic. Ce trou perdu au milieu de nulle part trop froid l’hiver et trop chaud l’été que j’avais adoré détester pendant toute mon existence de gamine désoeuvrée. J’avais passé une vie entière à me dire que j’aurais été mieux partout ailleurs qu’ici mais, lorsque j’avais enfin eu la possibilité de vivre dans une vraie ville, je m’étais bien vite rendue compte que c’était déjà trop tard pour moi.
J’étais configurée pour ce bled paumé.
Je poussai un profond soupir en observant les marches qui me restaient à monter et, rassemblant tout mon courage, je mis un pied devant l’autre. Intérieurement, je fulminai sans doute à tort, considérant néanmoins que Rudy n’avait absolument aucune raison valable de m’en vouloir d’être partie pendant un an parce que je me sacrifiais quand même pour lui plusieurs fois par semaine.
En montant des marches. Ses marches à lui. Ces putain de marches menant jusqu’à chez lui. C’est ça.
Je finis par arriver devant son appartement et, avec entrain, je frappais contre sa porte avec mon pied, mes mains étant encore bien trop occupées à porter mon kit de survie. Je frappai, encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne finisse par daigner ouvrir la porte, m’interrompant seulement lorsque es orteils ne parvinrent plus à la toucher. « Salut, salut, »  dis-je en relevant la tête vers lui. Je lui adressai un sourire rayonnant avant de finalement entrer à l’intérieur sans y être invitée, me laissant tomber sur son canapé dans de grands gestes mélodramatiques. « Je suis épuisée. Ton immeuble m’épuise, »  me plaignis-je. Je n’avais pas été préparée psychologiquement à ce parcours du combattant—se résumant à cinq petites minutes de marche à travers Rocky Ridge—séparant mon chez-moi du sien. J’étais une petite nature, après tout. Une faible. Et cela m’allait très bien.
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Rudy Gavennham
Rudy Gavennham
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MessageSujet: Re: you have a forever friend, and forever has no end. (rudy)   you have a forever friend, and forever has no end. (rudy) EmptyVen 20 Nov - 17:17

Vaisselle et éponge en main, se trémoussant grossièrement sur le dernier hit de Taylor Swift, Rudy faisait une bien pâle imitation de Beyoncé, et de son clip tourné dans sa propre salle de bain, qu’il avait du regarder à vingt reprises en essayant à la fois d’apprendre la chorégraphie et de mater les culs rebondis des amis de Queen B. Alors qu’il tentait de se cambrer, déroulant sa tête en arrière telle une aguicheuse cherchant un mâle à conquérir, une assiette glissa des mains et vint se fracasser le sol, répandant moult éclats aux pieds de l’évier. C’est avec les basses de sa chaîne hi-fi branchées au maximum qu’il balaya les morceaux de son achat ikea. De toute façon il n’aimait pas son assortiment de plats. Il lorgnait sur l’argenterie de sa mère, qu’il essayait de voler lors de chaque dimanche familial. En tant que cuisinier étoilé, il avait certaines exigences en matière de présentation de ses recettes. Néanmoins, ce soir il s’agissait uniquement de pizzas et de fondant au chocolat. Le carton de l’emballage suffisait donc amplement.

La plonge terminée, Rudy mit le four à chauffer. Il rangea son plan de travail, et alluma trois bougies qu’il vint déposer délicatement sur la table basse du salon sur lequel donnait la cuisine. Il sortit d’une armoire deux plaids à carreaux -qui grattaient- et deux verres à pieds pour le vin rouge. En attendant Quinn, il se laissa tomber sur son canapé, plongeant son visage dans le gros coussin qui bordait l’accoudoir. Il tâtonna à la recherche de la télécommande, finit par la trouver machinalement dans les méandres du rembourrage de son vieux sofa et se mit à zapper aussi automatiquement qu’un robot. Sans sortir sa face du tissu moelleux dans lequel elle était emmitouflée, il se fia au sons du poste. Quand il entendit les soeurs Kardashian se battre pour une paire d’escarpins de mauvais gout, il changea immédiatement. Les actualités étaient quant à elles toujours aussi dramatiques, parce qu’une chaîne d’informations dénuée de pathos ne présentait aucun intérêt pour le public américain avide de gros scoops et de drames, sans quoi il n’y aurait rien d’exaltant à regarder la télévision. Il s’arrêta finalement sur Fashion TV qui présentait la nouvelle collection de Victoria Secret, rêvant des futurs petites culottes qu’il irait plier le lendemain.

A vrai dire, il attendait Quinn avec impatience. Comme son frère, elle aussi avait quitté la ville précipitamment. Pas pour les mêmes raisons, certes, mais elle était partie. D’abord le départ d’Helena avait causé des crises de nerfs à répétition. Une fois le stade de l’amant abandonné, c’était son frère qui avait pris la route. Puis Quinn. Un à un ses fiers acolytes avaient déserté les rues, les bars qu’ils s’étaient appropriés comme repères, le bord de mer sur lesquels ils avaient arbitrés moult parties de volleys, leurs appartements, dans lesquels ils s’étaient tant de fois retrouvés. Le pauvre petit Rudy s’était alors retrouvé seul. Comme abandonné, il n’avait plus personne pour l’approuver, pour confirmer son égo. Il s’était senti délaissé, bien qu’il ne blâmait aucun de ses amis, en apparence. Il n’était pas rancunier, mais avait un pincement au coeur quand il pensait à la vague de départs qu’avait connu Arrowsic. Ce projet d’aéroport, pourtant banal et prometteur, qui avait balayé la routine si agréable de cette île paumée si attachante. Rudy s’était alors consacré corps et âmes à remettre Fernando sur les rails, un de ses derniers compères locaux. Il avait pris soin de ses jumelles, avait soutenu son complice tout au long de ses déboires, à coup de décisions plus ou moins contestables. Il s’était mis au travail, avait travaillé sur ses projets de vie, son mémoire en première ligne. Et puis, petit à petit, tout le monde était rentré. Même sa soeur.

Ce fut de violents coups contre sa porte qui le sortirent de sa transe, perdue par les interviews de mannequins posant pour Calvin Klein. En deux temps trois mouvements, Rudy fut debout. En un bond il atterri devant sa porte, arborant un sourire d’extase et d’enchantement -on peut dire un sourire de nigaud, oui. Il trouva sans surprise sa blondie essoufflée par les trois étages sans ascenseurs. Elle exhibait de plus un accoutrement qui lui était habituel, à savoir celui du  dimanche soir, après une journée à décéder dans son lit, au son d’une série niaise ou d’un bouquin. Lui même avait déployé le plus merveilleux pull de sa collection de tricots -activité à laquelle il s’adonnait quand il visitait sa grand-mère. « Salut darling ». Elle alla s’échouer sur le canapé de la même manière qu’il s’y était jeté quelques minutes plus tôt. Il enfourna la première pizza tout en écoutant Quinn se plaindre de sa montée au paradis -en toute modestie pour son appartement si bien décoré. Il lança à l’égard de son invitée comme réponse cinglante: « Bah alors ! Au moins ça te fera de belles fesses rebondies, tu te plaindras plus d’avoir un cul flasque. » Fière de sa blague pompeuse, il vint s’asseoir en face de Quinn, dans un joli fauteuil -ikea- et désigna du regard une pile de DVD. « Bon, j’ai lancé une pizza quatre fromages. Maintenant choisis nous notre programme de ce soir, je les tous vus vingt fois, je n’ai pas d’exigences particulière. » Il baissa le son de ses enceintes, au risque de commencer un twerk déplorable sur Nicky Minaj, et s’apprêta à servir le vin. « Je sais pas si ça se marie bien avec une pizza et une tisane mais bon, j’ai rien trouvé de mieux. » Au-delà du choix du film de la soirée et de la question de l’assortiment entre rouge et junk food, Rudy désirait également fouiller du côté de l’année de Quinn, dont il n’avait pas appris grand chose. Ce n’était pas la première qu’ils se voyaient depuis son retour, mais elle défendait grandement ce terrain, excitant davantage la curiosité de Rudy.
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Quinn S. Hepburn-Wilde
Quinn S. Hepburn-Wilde
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MessageSujet: Re: you have a forever friend, and forever has no end. (rudy)   you have a forever friend, and forever has no end. (rudy) EmptyDim 22 Nov - 17:37

RUDY & QUINN —  SOMETIMES IN LIFE, YOU FIND A SPECIAL FRIEND. SOMEONE WHO CHANGES YOUR LIFE JUST BY BEING PART OF IT. THIS IS FOREVER FRIENDSHIP. YOUR FOREVER FRIEND HOLD YOUR HAND AND TELLS YOU THAT EVERYTHING IS GOING TO BE OKAY. AND IF YOU FIND SUCH A FRIEND, YOU FEEL HAPPY AND COMPLETE BECAUSE YOU NEED NOT WORRY. YOU HAVE A FOREVER FRIEND, AND FOREVER HAS NO END. Venir chez lui de cette manière me rappelait avant. Avant de partir. Avant de quitter Arrowsic. Avant de tenter de trouver un chez-moi loin d’ici pour finalement me rendre compte que je n’avais aucune chance de me plaire ailleurs. Ca me rappelait avant et j’adorais cette sensation, même si je passais les trois-quarts du temps à me plaindre que nos vies n’avaient absolument aucun sens si nous restions à Arrowsic pour toujours. Ca me rassurait, quelque part. J’étais plus sereine quand je pouvais venir m’affaler dans son canapé et gémir comme une petite fille, sachant parfaitement qu’il me réserverait une de ses répliques cinglantes sans que cela ne veuille dire, pour autant, qu’il n’était pas là pour moi. J’étais plus sereine, oui. Comme si, dans cette existence que je ne contrôlais pas forcément, j’avais des choses et des personnes auxquelles je pouvais me raccrocher. Des choses et des personnes qui seraient toujours là, malgré mes erreurs, malgré mes déboires, malgré mes faux-pas.
Du moins, c’était ce que j’aimais croire. Je n’étais pas particulièrement sûre que Rudy m’accepte encore sous son toit si je venais un jour à kidnapper son chat, mais je ne préférais ne pas y penser.
Celui-ci vint ronronner dans mon oreille, d’ailleurs, faisant une entrée féline sur le canapé de son propriétaire sans doute pour me signifier que c’était son territoire, pas le mien, et que mes grosses fesses n’avaient absolument rien à faire ici. Lâchant mes paquets de marshmallows, je le pris dans mes bras pour le serrer fort contre ma poitrine comme s’il était une vraie peluche, l’étouffant trop fort à en juger la tête qu’il tirait à chaque fois que mes doigts se glissaient sur sa fourrure. « Bah alors ! Au moins ça te fera de belles fesses rebondies, tu te plaindras plus d’avoir un cul flasque, » me lança Rudy en guise de soutien moral (pas vraiment, à vrai dire, mais je préférais me dire que c’était ça et qu’il était simplement trop nul pour me témoigner de sa reconnaissance éternelle) et je poussai un petit gémissement. « Gngngn, »  marmonnai-je entre les dents. Ma mère aurait sans doute poussé un soupir scandalisé en m’entendant, mais ce n’était pas de ma faute, ma répartie légendaire finissait une nouvelle fois par prendre le dessus. Pour être tout à fait honnête, j’étais encore trop à bout de souffle pour songer à réellement m’exprimer.
De quoi offrir Rudy quelques minutes de tranquillité. Il ne savait pas à quel point il pouvait être chanceux.
Rudy s’assit en face de moi dans ce fauteuil qu’il appréciait tant, avant de me montrer sa collection de DVDs. « Bon, j’ai lancé une pizza quatre fromages. Maintenant choisis nous notre programme de ce soir, je les tous vus vingt fois, je n’ai pas d’exigences particulière, » dit-il et je me redressai, le poids de cette décision s’abattant sur mes épaules. Trop vite pour mes petits yeux, il coupa Nicki Minaj dans son élan pour la rendre quasiment muette et attrapa la bouteille de vin pour nous servir. « Je sais pas si ça se marie bien avec une pizza et une tisane mais bon, j’ai rien trouvé de mieux. » J’haussai les épaules en me penchant pour attraper mon verre, finissant par abandonner le chat et le canapé. Je m’assis directement sur le sol parce que, visiblement, mes jambes n’étaient pas suffisamment musclées pour supporter le poids de mon corps. « T’inquiète, je fais partie de cette jeunesse décadente osant boire du vin dans des gobelet en carton, j’ai déjà connu pire, »  lui répondis-je en me déplaçant, les fesses toujours à terre, jusqu’à la pile de DVDs de Rudy. En plus de faire partie de cette jeunesse terrible, j’étais loin, très loin, d’être une princesse. Si j’adorais le bon vin servi avec de bons plats, je n’avais jamais réellement compris pourquoi certaines personnes étaient à deux doigts de s’arracher les cheveux quand on choisissait la mauvaise année, le mauvais type, voire même la mauvaise couleur. Je prenais personnellement les français comme responsables, d’ailleurs. « Ca fait une éternité que je n’ai pas vu Dix bonnes raisons de te larguer, »  dis-je en observant les différents films qu’il avait. « Ou alors le chef-d’oeuvre du vingt-et-unième siècle, Mean Girls, mais je crois qu’on l’a déjà vu le mois dernier. »  Mes sourcils étaient froncés, comme s’il s’agissait d’un choix qui déterminerait mon avenir, ma réussite, mon destin. J’étais incapable de me souvenir de la dernière fois dont on avait bien pu le voir parce que je connaissais toutes les répliques absolument par coeur, à un tel point que je pouvais certainement rejouer le film avec moi-même dans le rôle de tous les personnages principaux. Je levai les yeux vers Rudy, les sourcils haussés, l’interrogeant du regard pour qu’il prenne la décision finale.
Parce qu’avec moi, d’ici demain, on y serait sans doute encore.
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Rudy Gavennham
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MessageSujet: Re: you have a forever friend, and forever has no end. (rudy)   you have a forever friend, and forever has no end. (rudy) EmptyMar 8 Déc - 21:50

Il posa un long regard sur Quinn. Cette Quinn qui faisait comme chez elle, comme toujours. Le chat qu’elle serrait dans ses bras était le même. Ses boucles qui lui tombaient sur le visage arboraient le même mouvement, lisses et organisés en un bordel gracieux. Ses mêmes cheveux lui avaient manqué. Ce rire espiègle mais sincère. Cette écoute particulière, qui faisait sa marque de fabrique et qu’il avait eu du mal à trouver ailleurs. Il se confiait à Fernando, à Lenny. Cependant avec elle ce n’était pas pareil. C’était tendre, presque niais. Mais authentique. Quinn était son amie, sa soeur. Pas de jugements, pas d’ambiguïté. Ca s’est toujours passé comme ça, et ça passera toujours ainsi pour encore longtemps. Parce qu’il n’avait pas été proche de sa propre soeur, il avait cherché ailleurs une épaule féminine sur laquelle se reposer. Celle qui le cadrerait, qui l’équilibrerait, mais qui ne le dénaturerait pas en un garçon lisse et docile. Elle avait sa petite folie, elle était sauvage, et l’était assez pour creuser des traits de personnalité, qui la rendaient profondément chouette.

Le chat fit une entrée fracassante. Il traversa le salon depuis la chambre jusqu’aux genoux de Quinn en imitant la serpillère. Il était véritablement en train de se trainer jusqu’au canapé. On pouvait sentir qu’il était en outre forcé de se déplacer dans le seul but de signifier à Quinn qu’il ne lui prêtait pas le sofa, sauf peut-être en échange de câlins. On aurait pu croire qu’il venait de se fumer un bang dans sa litière. En réalité il devait simplement avoir la même flemme que l’homme. La comparaison avec le corps affalé de son invité fit sourire Rudy, qui fut par ailleurs amusé du grommellement de Quinn, fidèle à elle-même. Elle commença enfin à s’agiter quand elle se saisit de Minou et le caressa, vendue, jusqu’aux ronronnements, ultime orgasme du chat comblé. Elle s’assit ensuite sur le sol, les yeux à hauteur de leurs verres. « T’inquiète, je fais partie de cette jeunesse décadente osant boire du vin dans des gobelet en carton, j’ai déjà connu pire » Rudy se saisit de sa coupe et vint s’engouffrer dans son fauteuil, marquant d’autre part une distance physique. Il s’apprêtait à laisser le soupçon de rancune franchir ses lèvres au risque de vexer Quinn. Celle-ci s’agita autour des DVD. Il ne voulait pas la vexer ni la perturber dans son choix, mais ne put se retenir. « Et t’arrivais à draguer de l’intello avec tes leggings cosmos, en brandissant tes gobelets en carton ? En même temps, je n’ai pu suivre aucune de tes frasques amoureuses, vu le peu de nouvelles que j’ai eues. » Il fit comme si de rien ne s’était passé. Il considérait que son entourage était habitué à se charrier à longueur de journée, que cela plaise à ses proches ou non. Il était actuellement assez acerbe pour ne laisser de répit à personne, et encore moins à une Quinn qu’il venait seulement de retrouver, et qu’il se devait de reconquérir. Mimant l’indifférence, il se saisit du cas Mean Girls. « Oh non, j’en peux plus des cheveux oxygénés de Rachel McAdams. S’il te plait on mate de feu Heath Ledger. » Il arbora des faux yeux de cocker, espérant faire céder sa Blondie. Au pire, il userait de l’argument « ici c’est chez moi ». C’était d’ailleurs poussé par cette logique qu’il avait auto-proclamé qu’ils dîneraient de la pizza aux fromages, bien que cela fut également inconsciemment issu de leur tradition commune qui avait accompagné beaucoup des longues répliques de Linsday Lohan.

Il était foncièrement partagé entre l’excitation de retrouver sa meilleure amie, et la déception qu’il avait eut alors que l’année avait coulé, sans aucune nouvelle. Il avait essayé, laissé quelques messages monotones sur son téléphone. Il avait eut plusieurs monologues avec sa messagerie. Parfois un sms. « Tout va bien ». Peu d’échanges. Pourtant lui aussi n’avait pas forcé le destin. Il s’était plongé dans son quotidien, sa routine infatigable qu’il emmenait partout depuis qu’il était à Arrowsic. Rudy était un train-train à lui seul. Il n’avait jamais posé ses testicules sur la table et n’était jamais parti sauver les koalas. Il n’avait pas entamé un voyage solitaire autour du globe. Il n’avait pas suivi de cours dans le top 10 des meilleurs universités du pays. Il avait juste conduit  sa même voiture jusqu’à la même faculté, avait assisté à ses même cours, avait plus travaillé que passer ses nuits au bar. Il s’était pris de zèle avec ses soutiens-gorges. Parce que ses amis avaient fui. Ils avaient tous eu le courage de s’épanouir loin. Rudy n’était pas malheureux chez lui. Mais Rudy n’avait pas vu le monde. La mélancolie avait remplacé en l’espace d’un an son tempérament casse-cou. Maintenant que son équipe était de retour, il pourrait peut-être recommencer ses espiègleries. S’il se l’appropriait à nouveau. « Tu faisais ça l’année dernière ? Tu regardais Mean Girl en jogging ? ». Au fond il désirait juste savoir si Quinn l’avait remplacé, même pour un an seulement. Trop égoïste pour être délaissé, il voulait s’assurer qu’il avait toujours sa place d’exception dans les coeurs de ses camarades. S’il n’avait pas été oublié au coeur de leurs âmes comme il l’avait été physiquement.
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