Moana J. Swann MESSAGES : 62 ARRIVÉE : 28/11/2015
| Sujet: Re: Moana | So others may live Lun 30 Nov - 12:21 | |
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❝ citation de ton choix ❞
A l'horizon, les immeubles grandissaient à vue d'oeil. Chaque bloc de pierre, au départ, minuscule prenait de plus en plus de place. Les fenêtres apparaissaient, les couleurs des toits se voyaient, chaque détail avait maintenant son importance. Au loin même, on apercevait déjà les minarets des plus belles mosquées. Là-bas, on pouvait observer la fourmilière du peuple s'affairer dans cette mégalopole. Un coup de sirène plus tard, et la petite Moana n'était plus la seule à admirer ce beau paysage devant elle. Tous les vacanciers s'étaient rués sur les bords du paquebot, prêts à quitter la mer pour rentrer se faufiler dans la cohue terrestre, appareil photo, ou caméras en mains. Cette vue était à couper le souffle. Habituée à voir toute sorte de paysage, toute sorte de ports, toute sorte de désert, elle n'en restait pas moins scotchée quand elle redécouvrait ce qu'était la vie à la ville. Et cette ville n'était pas n'importe laquelle. A perte d'horizons, elle ne voyait que ça; des bâtiments, des immeubles, des maisons. On pourrait s'imaginer ça moche, des blocs de bétons sur des blocs de bétons, mais au contraire. Cette cité semblait magique. Et pour la petite Moana, huit ans, cette ville avait quelque chose de particulier. Elle se trouvait sur deux continents. D'un côté l'Europe. De l'autre l'Asie. De quoi rajouter de cette magie à Istanbul. « Moana, Arnav, venez par ici. Je n'ai pas envie de vous perdre. » Le regard de la petite fille se retourna vers sa maman. Postée près de la porte qui menait dans les dédales du paquebot, Gabriella Swann, belle mexicaine, et surtout femme du capitaine venait chercher ses rejetons. « Mais Maman, on ne pourra plus rien voir de l'arrivée! » Fronçant les sourcils, Moana voulait absolument pouvoir admirer la suite. Elle voulait voir le paquebot accoster. Elle voulait voir la gueule du bateau s'ouvrir, et voir les passagers se ruer au sol. Alors oui, l'arrivée de sa mère l'ennuyait. Et c'est en poussant un soupir qu'elle lâcha la barre blanche qu'elle tenait entre ses petites mains, et traina les pieds jusqu'à elle. Elle n'était pas la seule à réagir ainsi. Son frère, posté à ses côtés, pestait lui aussi. « Pff, c'est toujours la même chose » La mexicaine ne put s'empêcher de sourire encore une fois. « Oui, ce sera toujours la même chose tant que votre père sera capitaine. Allez les moussaillons, ne faites pas cette tête, j'ai une surprise pour vous! » A l'entente de ce simple mot, Moana et Arnav retrouvèrent le sourire. Même si ils ne pourraient pas être au centre de l'intrigue lorsque les vacanciers se rueraient pour quitter la mer, ils allaient sûrement pouvoir admirer leur père accoster. Ce moment, c'était rare. Le capitaine Swann préférait être seul avec son équipage à ce moment-là. Au grand damn de ses propres enfants. « On va pouvoir être des mini-capitaines? » Leur mère se mit à sourire un peu plus; et les enfants se mirent à courir dans les couloirs de cette ville sur l'eau. Trop heureux de pouvoir assister de là-haut à l'accostage. Leur père ne voulait qu'ils viennent avec lui que deux fois par an; pour leurs anniversaires. Et aujourd'hui, Arnav avait tout juste douze ans. « Semper paratus. Je serai prête. » Vous l'aurez compris; j'ai grandit ici, là-bas, et là. Mes premiers cris, je les ai poussé à Auckland, Nouvelle Zelande. Mes premiers pas, je les ai fait dans l'océan indien. Mon premier « maman », je l'ai dis en Finlande, et le premier « papa » en Suède. J'ai grandit aux quatre coins du monde. Je n'aime pas cette expression; il n'y pas de coins dans le monde, la Terre est ronde. Mais je n'ai jamais trouvé d'autres expressions. Vous l'avez sans doute compris, Arnav mon frère et moi, sommes des enfants de partout. Arnav veut dire océan en indien et Moana signifie une grande étendue d'eau en maori. Mes parents tenaient à souligner, dans notre prénom, nos origines. Une chance pour maman, accoucher à Auckland a sans nul doute été moins dur que d'accoucher à Bombay. Mes parents aimaient cette vie, et encore maintenant, ils n'ont toujours pas d'attaches fixes. Leur lieu de résidence, c'est cette eau. Papa, plus connu dans le milieu comme Capitaine Swann, a fini par quitter le navire se faisant trop âgé pour assurer la sécurité des passagers. Ils ont fini par acheter un voilier, et maintenant, c'est sur ce voilier qu'ils vivent leurs vies. Un mois à Mexico. Un autre mois à Rio. Un autre mois en Jamaique. Ils refont le tour du monde. Encore et encore. Ils le feront jusqu'à mourir sur l'eau. Pour Arnav, et pour moi, ce sera la même chose. Dans notre famille, une fois qu'on a le pied dans l'eau, on ne retouche plus à la terre ferme.Essoufflée, fatiguée, épuisée, Moana tremblait de froid. Son petit corps était parcouru de tremblements qu'elle était bien incapable de calmer. Elle essayait tant bien que mal de se remettre de ce froid glacial qui l'avait envahit. L'eau n'avait pas été son amie pour une fois. L'eau l'avait transpercé. L'eau avait été tellement glaciale qu'elle avait même cru perdre sa bataille. Perdre sa vie. Enroulée dans la couverture chauffante qu'on lui avait donné, les cheveux devenus comme des glaçons, elle prit son courage pour essayer de tourner la tête vers sa droite. Là, à quelques centimètres d'elle, dans ce même hélicoptère, se trouvait cette jeune fille. Pourquoi elle? Pourquoi le sort s'acharnait-elle sur cette gamine? Elle devrait avoir la vie devant elle. Elle semblait si jeune, et si insouciante. Elle avait quoi? Seize ans? Dix-sept ans tout au plus? La vie est parfois dégueulasse. La vie était vraiment dégueulasse aujourd'hui. Voulant montrer qu'elle était là, avec elle, le Lieutenant Swann glissa sa main dans le sienne. Elle désirait lui apporter un petit peu de chaleur -elle qui était si frigorifiée- dans son monde qui venait de s'écrouler. A l'aube de l'âge adulte, elle venait de perdre un être cher. Partie faire du bateau avec son père, elle reviendra sans lui. Emporté par l'océan dans le naufrage de leur bateau. L'insouciance qu'elle lisait sur son visage allait peu à peu s'estomper. On y lirait bientôt de l'inquiétude, de la tristesse, et beaucoup d'amertume. Le regard grave rivé sur elle, Moana pestait. Elle aimait l'eau. Elle aimait la mer. Mais là, la mer avait été bien trop loin. Quelques minutes plus tard, l'hélicoptère se posa sur la piste à l'hôpital de Portland. Ils étaient arrivés. Ils allaient pouvoir soigner les maux de la gamine. Mais tous les traitements du monde ne suffiraient pas. Toujours enveloppée dans sa couverture, la garde-côte regarda le personnel l'embarquer. A son tour, on lui demanda de descendre. Elle allait devoir avoir un examen elle aussi. A peine avait-elle poser son pied sur le sol terrestre qu'elle sentit sur son épaule une main. Elle se retourna. Devant elle, le vice-amiral était là. Déjà là. Avec un petit sourire, le plus réconfortant possible, il murmura. « Beau sauvetage Lieutenant. » oui. Beau sauvetage. Elle avait réussit à sauver la gamine. Pas le père. « Il en manque un, mon amiral. » Le vice-amiral Pearson eut un regard désolé. Il lâcha la jeune femme de sa main. Il comprenait sans doute ce que c'était; d'avoir réussit à ne sauver qu'une personne. Mais d'une voix forte, il ouvrit la bouche. « N'oubliez jamais; So other may live. » So others may live. Pour que d'autres vivent. Cette phrase n'est pas qu'une phrase. C'est notre devise, du moins l'une de nos devises, à nous, les militaires de l'United States Coast Guard. J'en fais partie depuis que j'ai dix-huit ans. Je ne me voyais pas autre part que sur l'eau, alors, même si jeune, même si féminine, je me suis engagée. On a cinq grandes missions :le secours maritime, la sûreté maritime, la mobilité maritime, la défense nationale, et la protection des ressources naturelles. Cinq missions qui me font aimer mon métier, parce qu'on est à la fois militaire, pompier, médecin. Et surtout, parce que je suis sur l'eau. A chaque fois. H2O, c'est un peu mon oxygène. J'ai besoin de ces deux hydrogènes attachés sur mon oxygène pour vivre. Comme d'autres ont besoin de drogue. C'est pareil. J'habite à Arrowsic depuis un an. Je fais des missions dans l'océan à côté, et j'ai trouvé mon petit havre de paix, ici. Bon, c'est minuscule, petit, et les gens ont l'air bizarre par moments. Mais qu'importe. Y a l'océan.
Semper paratus. Je ne serai pas prête; je suis prête. Encore heureux, son impatience et sa détermination avaient fini par payer. La secrétaire avait enfin daigner décrocher ce téléphone. Sa voix n'était plus aussi assurée que quand elle parlait quinze secondes plus tôt avec la garde-côte. En l'entendant, Moana ne put s'empêcher de froncer un peu plus les sourcils. A n'en pas douter, celle-ci ne semblait pas rassurer de parler avec son patron. Etait-il si horrible? En tout cas, il ne semblait pas coucher avec elle. Il devait plutôt se taper sa seconde, pendant que bobonne à la maison fait les devoirs du numéro 1, fait la lessive, râle après le numéro 2, fait à manger, et change les couches de numéro 3. non, vraiment, elle imaginait ce type de cette façon. Sinon, pourquoi cette secrétaire semblait mal à l'aise de l'avoir au téléphone? En tout cas, moins d'une minute plus tard, elle lui annonça qu'il allait la recevoir dans son bureau. Elle lui indiqua alors le lieu, et Moana s'y rendit, avec une grande détermination -et après avoir pris soin de faire un petit sourire à cette pauvre secrétaire qui visiblement avait peur de son patron-.
Une fois dans le bureau, le lieutenant Swann ne resta pas en place. Elle balaya du regard la salle, et observa chaque détail. Elle prit même la peine de se pencher sur son bureau. Il y avait quelques photos. Un mec plus que charmant, brun, accompagné d'une ado et d'un bébé. Peut-être que finalement le patron n'avait pas quarante ans. Peut-être qu'il en avait soixante. Qu'il avait eu trois enfants, de plusieurs femmes différentes (ça expliquerait au moins la différence d'âge entre le premier qui devait avoir son âge, et le dernier).. Ca ne l'étonnait même pas! Elle soupira, et observa alors une deuxième photo; celle d'une femme, plus âgée. Sa femme? Impossible.. Quoique.. Le lieutenant vira son regard et le reposa sur la fenêtre. Elle devait cesser de faire sa curieuse... Elle se posta donc devant la fenêtre, et regarda le ciel dehors. Il faisait gris. Elle était bien heureuse de ne pas travailler; à n'en pas douter, ces coéquipiers auront du travail cette nuit.
Perdue dans ses pensées, elle sursauta légèrement lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir. Elle vit alors le patron rentrer. Elle fut plus que surprise. Le type devant elle était celui de la photo. Il était assez jeune, brun, et était plutôt de son style -beau mec quoi!- Elle essaya néanmoins de garder toute sa constance et tout son air sérieux et renforgné. « Bonjour, Ashton Clarke, je suis le directeur de l’entreprise. ». Il lui tendit une main, et l'accueillit même avec un sourire. Elle tendit la sienne, et la lui serra, sans sourire. Elle aurait mieux fait de ne pas le faire; elle était parcourue d'un petit frisson. « Bonjour, je suis le lieutenant Moana Swann. » Fort heureusement, sa voix n'avait pas trahit son trouble. Allez, Mo'. Elle n'ajouta rien de plus. De toute façon, le patron de la boite le fit pour elle. « Je peux vous aider sur quelques chose ? ». D'un coup de tête, il lui proposa d'aller s'asseoir. Elle hocha la tête, et s'installa alors, comme il l'avait dit. Elle prit aussitôt la parole. « Oui, vous pouvez faire quelque chose pour moi. » De nouveau, elle fronça les sourcils. « Je suis lieutenant dans l'US Coast Guard et cela fait deux fois en quelques jours qu'on surprend une fuite sur les bateaux de votre compagnie. Ils ne sont pourtant pas bien vieux, mais ce serait bien si vous ou votre équipage puissent vérifier de temps en temps l'état de vos bateaux.. Ca éviterait que l'océan ne soit pollué.. » Elle avait terminé en accentuant bien sur ces derniers mots. Elle n'avait pas envie que ça se reproduise, et pour ça, même si il était mignon, voire même carrément canon, elle était capable de faire sa peste, et de lui faire la morale sur la nature de l'océan. [….] « Je vous promets que si l’on se revoit, ça sera dans d’autres circonstances… ». A ces mots, elle sourit encore plus, et lâcha un « j'espère qu'on se recroisera.».
Aussitôt, elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire. Et pour une fois, elle bénit son teint un peu foncé. Elle n'allait pas piquer un fard. Ces propos étaient sortis bien trop vites de sa bouche, avant même qu'elle puisse les contrôler. Si elle avait tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de l'ouvrir, nul doute que jamais elle n'aurait dis ces mots.. Mais la présence de ce patron la perturbait. Un peu gênée, elle passa une main dans ses cheveux, et reprit -après ces quelques secondes de stupeur-. « J'espère bien qu'on se recroisera dans d'autres circonstances.. c'est ce que je voulais dire. » Elle lui fit un petit sourire, et se maudissait de l'intérieur. Comment avait-elle pu ne pas terminer sa phrase? Non parce que dis comme ça, c'était comme si elle espérait qu'ils allaient se recroiser. Alors, certes, elle l'espérait au fond d'elle, mais elle n'avait pas à le dire à voix haute, surtout face à ce type!! Voulant en finir avec tout ça, et parce qu'elle était un peu gênée, elle murmura alors. « Je crois que ma visite est terminée. Je vais vous laisser à votre travail Monsieur Clarde » C'est comme ça que je l'ai rencontré : l'homme de ma vie. Dès que j'ai posé mon regard sur lui, j'ai su. J'ai été captivé par son regard, ébloui par sa gentillesse. Au fil du temps, j'ai appris à le connaître. J'aime son caractère de cochon. J'aime sa façon qu'il a de bougonner. J'aime ses râlements quand il regarde un match de basket. J'aime tout chez lui. Même ce que j'ai toujours détesté chez les hommes avant. Assise sur un siège de l'avion, Moana avait le regard rivé sur le hublot. Ses yeux bruns, marqués par la fatigue, observaient chaque détail de l'ile. Les volcans, et leurs cratères vus du ciel, lui rappelaient toutes les randonnées qu'ils avaient pu faire, Ashton et elle. Ils étaient heureux à l'époque-là. C'était à leur arrivée. Ils parcouraient l'île de long en large. Ils découvraient la faune et la flore majestueuse de ce petit bout de paradis. Moana avait fait trois albums photos avec toutes leurs randonnées. Leurs bons souvenirs étaient quelque part, sur l'eau, en train d'être acheminé par contenairs vers Portland, pendant qu'eux commençaient ce vol qui allait les ramener là où tout avait commencé pour eux. « Tu dois être heureux Ash. » lâcha-t-elle alors en se retournant vers son petit ami, assis à ses côtés. Ses yeux las se posèrent sur lui ; il était toujours aussi beau, comme la première fois qu'elle l'avait vu, dans ce bureau de travail à Arrowsic. « Je suis triste de partir d'ici. Mais j'ai hâte de retrouver Ella, Mattia, et le petit bout. » Ca, c'était vrai. Elle avait adoré vivre à Hawaii, découvrir ce petit bout d'île, apprendre à jouer du ukulele, danser la danse traditionnelle. Mais elle était aussi heureuse de rentrer. Sa famille à elle lui manquait, mais elle l'acceptait ; c'était des baroudeurs. Ses parents passaient leur temps à sillonner les mers et océans, même maintenant qu'ils étaient en retraite. Son frère faisait toujours parti des marines ; lui aussi ne restait jamais trop longtemps sur la terre ferme. Mais sa famille ne se résumait pas qu'à eux ; il y avait aussi Ella maintenant. Elle était bien heureuse de retrouver cette petite femme, adorable, avec toute sa petite famille. Et puis surtout, maintenant, ils avaient deux personnes de plus à leur présenter. « Tu crois que Lleyton va être heureux de rencontrer ses cousins ? » Elle posa son regard sur son premier fils, Keone, assis sur ses genoux en train de boire dans son biberon. Elle l'embrassa, avant de regarder son autre fils, l'autre jumeau, Maleko, assis sur les genoux de son père, lui aussi en train de boire pour éviter que les changements de pression du décollage ne leur fassent mal. Ils étaient beaux ces fils. Mais ils l'épuisaient. Moana était marquée. Des cernes énormes se dessinaient sous ses yeux. Elle ferma un instant les yeux ; quand elle était fatiguée comme ça, elle en voulait à la terre entière. Elle allait profiter de ces heureus d'avion pour se reposer. Enfin. Il y a dix-huit mois, suivant l'horrible annonce, j'ai été muté à Honolulu, à Hawaii. J'ai pris dans mes valises Ashton et nous sommes partis tous les deux vivre sur cette île de rêve. Nous rentrons aujourd'hui à quatre : lui, moi, et nos deux petits bouts. Parce qu'en dix-huit mois, beaucoup de choses ont changé. Nous sommes devenus parents. Je ne voulais pas au début, j'étais déprimée de découvrir que j'allais être maman. Je me sentais encore trop jeune pour avoir des enfants, et puis surtout, avoir un enfant, c'était pour moi la fin de ma liberté. Et puis surtout, je ne comprenais pas du tout comment j'étais tombée enceinte. Je prenais la pilule. Je ne pouvais pas tomber enceinte. Et puis, j'ai découvert la vérité. Je lui en ai voulu. Je lui en veux encore quand je suis très fatigué. Mais il faut l'avouer, même si c'était lui le fautif, Ashton gérait. Il s'occupait de ses enfants à merveille. Il était un papa formidable..
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