Sujet: Alcohol is our worst enemy, escape would be cowardly ! Mer 9 Fév - 14:01
De quoi avais-je envie ? Je ne saurais le dire. Je ne savais pas quoi faire, et j'errais dans les rues. Il commençait à faire nuit. Je n'aimais pas cette ville. Elle était beaucoup trop petite à mon goût. Toutes les personnes que je croisais dans la rue, je les avais déjà vu auparavant. Qu'est ce que c'était ennuyant ! Je ne me plaisais, mais alors pas du tout, à Arrowsic. Tout ce que je voyais me confirmait que cette ville n'était pas faite pour moi. La tranquillité, le repos, tout ça, c'est pour les vieux, mais pas pour moi. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi mon père tenait à rester ici. En fait, si je le savais, mais je ne préférais pas y penser. Il pensait sans doute faire plaisir à ma mère en vivant ici, mais il causait en même temps tout mon malheur. Plus que deux ans à tenir. Le temps me semble long, trop long. La seule chose qui me fait tenir ici, c'est l'alcool... et Jenny. D'ailleurs, cela fait longtemps que je ne l'ai pas vu. J'avoue qu'elle me manque, peut-être trop. Je m'attache à elle, et je ne peux rien faire contre. Ça me perturbe constamment. Je n'ai pas envie de la blesser, et pourtant, je fais n'importe quoi. Ma vie est une tempête que j'ai l'impression de contrôler. Une méchante tempête. Je regarde de haut les passants, qui se demandent sûrement pourquoi j'ai un regard aussi hautain. Je ne suis pas heureux, voilà pourquoi j'exprime ma colère sur les autres. Mais je ne changerais pas. Il y a quelque chose d'assez plaisant à se faire détester.
Je m'arrête devant le bar. C'est l'endroit où je passe le plus clair de mon temps, à tel point que je connais à peu près tous les employés. Ils me connaissent aussi, mais je ne leur adresse pas la parole. Je n'en ai pas envie. Et je n'ai pas une tête à être quelqu'un de sociable. Ce que j'aime là-bas, c'est l'alcool. A chaque fois que je viens, je me retrouve dans les vapes. Mais j'aime cette sensation, de se sentir ailleurs. Ailleurs de cette maudite ville, ailleurs de tout. Se sentir déconnecté. Faire comme si rien n'importait. L'alcool, ma plus grande addiction. Et ce soir-là, je ne vais pas résister à mes envies. Je rentre donc dans le bar. Comme à son habitude, il n'est pas extrêmement bondé. En même temps, comment peut-on remplir un bar avec un faible nombre d'habitants, et une majorité de personnes âgées. Quoi qu'il en soit, j'aime être ici. L'odeur d'alcool parvient à mes narines, je me sens bien. Je vais m'installer sur le comptoir, et je commande un whisky. Boisson forte coûteuse mais que j'affectionne particulièrement. L'argent, j'en ai. Ce n'est pas un problème. J'attends qu'on me serve, et je pose les coudes sur les tables. Mon regard est avide, je ne pense à rien. Ma vie est ennuyante, et ça m'énerve.
Sujet: Re: Alcohol is our worst enemy, escape would be cowardly ! Mer 9 Fév - 14:44
Arrowsic. Rien que le nom de cette ville me faisait penser à quelques connotations de type arsenic. Oui, c'était cela ; ma mutation n'était que la conséquence directe d'un poison qui allait en me détériorant, aucun soin palliatif ne pouvait y remédier. Je ne pouvais pas même apaiser la douleur, si douleur il y avait. Le Maine était bien différent de la Californie, cette ville trop calme était elle-même à des lustres d'être aussi passionnante que Sacramento. Au moins, je pouvais respirer de l'oxygène pseudo non polluée, et laisser mon ouïe profiter du calme absolu et apaisant des environs... Foutaises, je m'emmerdais. Le manque d'action aspirait chez moi cette envie de provoquer quelque chose qui bouleverserait ma routine de mes derniers jours : lorsqu'un cancéreux en phase terminale entrait dans l'hôpital, je jubilais intérieurement. Enfin de l'action, enfin une vie à sauver, enfin j'avais l'opportunité de manier les bistouris, de fournir des électrochocs et de revêtir ma blouse de médecin, et ce pourquoi je l'étais devenu. Je n'aimais pas Arrowsic : trop d'enrhumés qui me poussaient à jouer aux médecins consultants plus que médecins urgentistes, trop de malades aux microbes superficiels, pas assez de tuméreux. C'est horrible mais c'est ainsi ; mon instinct de compétition m'avait entraîné à devenir un grand médecin, prompt à prévenir les infarctus, à soigner les leucémies, à voir la mort se débattre dans le lit d'un patient... et non pas à poser mon stéthoscope sur la chemise de Mrs Jordans, septuagénaire hypocondriaque en manque de relation sociale. « Vous n'avez rien, Mrs Jordans. » fis-je en me redressant alors, me débarrassant de mon fidèle stéthoscope pendant alors à mon cou. « J'ai des fourmis dans les jambes. » feula la vieille avec panache. « Vos charentaises sont trop serrées. A la semaine prochaine. » Et ainsi laissais-je la fausse malade sortir de la salle non sans traîner volontairement de la patte. Levant mon regard mordoré au ciel, j'implorais Dieu – moi qui n'étais pas croyant, mais il fallait avouer que les païens avaient le chic pour se tourner hypocritement vers Lui quand ils en avaient besoin, sait-on jamais – de faire intervenir un don du ciel qui me fasse récupérer ma place dans un hôpital bondé de Californie.
Dieu ne répondit pas à ma prière. Peut-être était-ce parce que je L'avais traité maintes fois de flemmard à tout bout de champ : s'Il existait vraiment, il y a fort longtemps que l'accroissement des médecins sur terre aurait été en chute libre. Quelle idée que de laisser encore la lèpre et le choléra envahir nos vies humaines, ce n'était même pas une partie de plaisir à soigner... Quittant enfin mon travail, presque las de ne pas avoir bipé assez de fois afin de procéder à une intervention délicate et pressante, ce fut non sans souffler un bon coup que je sortis des locaux de l'hôpital, à une heure bien avancée de la soirée. Laissant ma blouse dans les vestiaires, ce fut en simple civil – ainsi pouvais-je éviter aussi les autres hypocondriaques des alentours – que j'arpentais les ruelles calmes d'Arrowsic. Je passai finalement les portes d'un pub peu bondé – aucune surprise – dans l'espoir de faire la connaissance de nouvelles têtes dont l'âge moyen n'excédait pas les cinquante ans, ainsi que de laisser mon esprit s'embrumer par la grâce de l'alcool. Apercevant aussitôt la silhouette de Jay accoudé au bar, jeune lycéen lui aussi désespéré par le calme ambiant, je vins le rejoindre et commandai au barmaid une bouteille de vodka ainsi que quelques verres de shooters. Allumant une cigarette ainsi figée au coin de mes lèvres blêmes, je rangeai mon paquet sans en proposer au jeune garçon : fumer tue (affirme le médecin accro à sa nicotine) « Dure journée ? » soufflais-je de ma voix suave au pauvre Jay complètement dépité. Bien sûr que la journée avait été rude, comment ne pas s'emmerder quand les environs étaient d'un paradis serein affligeant. Enfin, je poussais un verre à shooter vers le gamin, et lui servis une louchée de vodka forte : l'alcool tue un peu moins. « Je vais t'aider à oublier ce trou paumé. » Lueur de défi dans le regard, sourire amusé entre deux bouffée de nicotine ; que le concours de shooters commence. Immature avez-vous dit ? Et alors, ce gamin n'est pas mon fils, le principal, c'est de le tirer de son ennui, pas vrai ?
Sujet: Re: Alcohol is our worst enemy, escape would be cowardly ! Mer 9 Fév - 18:36
J'attendais patiemment, quand j'entendis une voix, qui m'était plutôt familière. Quelqu'un qui me ressemblait assez, c'était Blake. Je crois qu'il était médecin à Arrowsic. Je ne m'attendais pas à le voir ici, enfin, je veux dire que je le pensais à l'hôpital. C'était une bonne surprise. J'aimais bien ce mec. Il n'avait pas l'air d'aimer cette ville non plus, et je me sentais moins seul, ce qui était plutôt plaisant. Il me posa une question, à laquelle je répondis:
- La routine quoi.
Je soupirais. Il savait très bien que ma vie ne m'enchantait pas plus que ça. Tous les jours, je me réveillais, j'allais au lycée, et je rentrais. Cet éternel quotidien m'emprisonnait, et un jour, j'éclaterai. J'ai juste envie de m'évader d'ici, et de faire des choses complètement dingues. Me taper toutes les filles d'Arrowsic, c'est marrant, mais je vais vite m'en lasser. Rien ne me plait ici, et je suis lasse, vraiment. Je regardais le visage de mon camarade, qui n'avait pas l'air très enchanté non plus. Je lui retournais la question, par un simple:
- Et toi ?
Il s'assit ensuite au comptoir, et commanda. Je le laissais faire, ne disant rien. J'étais tellement blasé, il me fallait juste de l'alcool pour m'amuser un peu, dans ma vie que je trouvais morbide. Il porta une cigarette à ses lèvres. A nouveau, je l'observais et je ne disais rien. J'aurais pu fumer avec lui, mais je n'en avais pas vraiment envie. Je fumais plutôt pendant la journée, et je me consacrait à l'alcool le soir. Le barman avait sûrement oublié mon whisky, mais il servit Blake, qui me donna un verre de vodka. Oh que oui que j'avais envie d'oublier tout ça, ce trou paumé qui ne faisait qu'hanter ma vie.
- J'en ai bien besoin.
On trinqua ensuite, et je dis ironiquement:
- A Arrowsic, ville regorgeant en crème anti-rides !
Après cela, j'avalais cul sec mon verre de vodka. Mon dieu, qu'est ce que ça faisait du bien. Autour de nous, que des vieilles personnes. Quelques jeunes aussi, mais en minorité. J'en avais vraiment marre. Je me resservis donc de vodka. Je crois que ce soir, je vais bien me défouler. Je regardais ensuite Blake, et lui demandais tout simplement:
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