« Au fond, j'crois qu'la terre est ronde pour une seule bonne raison : après avoir fait le tour du monde, tout c'qu'on veut c'est être à la maison. »

flashback; « Dépêche toi, j'me pèle le cul. » J'étais un asticot, une vieille meuf en train de bouger dans tous les sens. Je savais une chose, je détestais la neige et ce temps de chien. Il faisait froid. « Arrête de râler, on va s'éclater. » Une petite tape dans le dos, il était tout fier de pouvoir me montrer les pistes où il avait grandi. La Savoie, je lui en foutrais des Savoie moi. « Comment tu veux que je m'éclate, il fait genre -8000. » Il me pris dans ses bras afin de pouvoir m'apporter de sa chaleur corporelle. Putain comme j'étais bien là avec lui. Je n'aurais arrêté ce moment pour rien au monde. Lui aussi, à part pour le ski. « Mets tes skis ! » Un doigt d'honneur en signe de réponse. Je détestais le ski, je n'en avais jamais fait de ma vie. J'étais déjà en train de m'imaginer descendre cette piste verte sur le cul et finir en grosse boule de neige. Finalement, telle une faible, je renonçais à cette idée assez stupide pour aller m'installer au bar avec des amis. Nous étions toute une bande de lycéens ensemble pour la première fois sans nos parents. « Casse toi bien la gueule, moi je vais rentrer au chalet prendre un bon bain avec beaucoup de mousse... toute seule. » Rien de mieux que passer ses vacances dans un chalet en montagne, pas de réseau, pas de wifi mais des potes et une cheminée. Les soirées de fumette et où l'on se mettait la tête à l'envers, ça c'était une vraie vie d'adolescente de 16 ans. « J'espère que t'auras pas d'envies subites parce que je ne serais pas là pour les réaliser. » Un clin d'œil, il se pensait malin à dire au monde entier qu'il baisait avec moi. Je lui adressais un sourire hypocrite. « Au pire avec ou sans toi c'est la même chose, tu me fais autant d'effet que ta mère. » Voilà ce qui était fait, il allait enfin me laisser tranquille. Dans une heure il sera devant moi et je craquerais une fois de plus pour sa frimousse d'ange. C'était comme ça ma relation avec mon meilleur ami, je savais qu'il n'était pas devenu ami avec moi juste pour pouvoir se taper des délires et rigoler sur la gueule des autres, il voulait se rapprocher de moi afin de pouvoir m'attraper dans ses filets le salop et rien de tel que de choper sa meilleure amie dans un chalet en pleine montagne.

Je me souviens d'avoir particulièrement appréciée ce moment de détente en France. Les potes, le chalet tout était parfait afin d'oublier un peu la triste vie qui m'attendait à mon retour en Guadeloupe. Une mère qui pleure toutes les larmes de son corps toute la journée, une sœur jumelle qui suivait les traces de mon grand frère, un père qui avait quitté ma mère, une petite sœur était enceinte d'un des amis de mon père et un grand frère incarcéré pour tentative de meurtre. Quelle vie de merde ! Rien n'allait dans le bon sens dans cette famille. Pourtant issue d'une famille de noble qui était venue s'installer sur l'île, ma mère était riche. Elle a rencontré mon père, guadeloupéen modeste. Ce ne fut pas le coup de foudre, ils se sont mariés parce que pour la famille de ma mère, le mariage doit être un mariage arrangé. Ce type tombait à pique puisque ses parents avaient envie de voir leur fille dégager de la maison. C'est ce qu'elle fut, se forçant à vivre avec un homme qu'elle ne connaissait pas et de coucher avec lui, lui donnant six enfants. Ils furent vite dépassés par ces grossesses à répétition, mon père a commencé à boire comme un trou et il a commencé à fréquenter des gens pas net du tout.

flashback; « Bonjour, vous êtes qui vous ? » Ils étaient débraillés, les yeux rouges et les cheveux en pétard. Ils ne m'inspiraient aucune confiance, ils me faisaient pitié et si ça n'aurait tenu qu'à moi, jamais je leur aurais laissé pénétrer notre petit chez nous. Bien vite mon père et ses nouveaux potes s'enfermèrent dans le bureau. « Carlos, je te présente ma fille. » Ma sœur jumelle vint prendre place avec ces mecs. Ils étaient bizarres, cette discussion me semblait bizarre. Bien vite les cris de ma sœur m'alerta, mon père préparait un mauvais coup pour elle et j'étais la prochaine sur sa liste. Il voulait trouver un fiancé pour nous deux, en commençant par ma sœur. Il avait carrément perdu la tête. « Papa, j'ai que 16 ans et je ne veux pas me marier avec ce machin là. Il a au moins 58 ans de plus que moi ! » Il se leva de sa chaise énervé comme jamais, j'avais l'impression qu'il voulait lui en foutre une. Ma mère ne disait rien, soumise comme depuis toujours c'est mon père qui avait le dernier mot. Quant à moi je ne disais rien non plus sachant que mon tour passerait.

J'avais raison, comme on dit, la première impression est souvent la bonne. Ils étaient malhonnête ces mecs surtout ce fameux Carlos. Encore un vieux mec sans femme et sans enfants, ce qui ne m'étonne pas vu le gabarit. Il faisait même peur, le guadeloupéen type. Lors de l'acte de rébellion de ma sœur, elle fit une fugue le soir même, ce qu'elle n'aurait jamais dû faire. Elle savait qu'elle n'avait pas le contrôle sur sa vie et elle et moi détestions notre mère, mais malheureusement nous savions que nous allions subir le même sort qu'elle. Vivre avec un homme qu'on n'aime pas, avoir des enfants que l'on ne désire pas et être soumise à un homme qui pourrait être violent s'il n'est pas content. Faire toujours attention à lui quitte à lui donner sa propre vie, n'importe quoi. Changer de personnalité pour combler ses désirs, faire l'amour quand lui en a envie. Personne ne mérite cette ville, surtout pas ma mère mais elle était devenue bien trop lâche avec le temps pour pouvoir ne serais-ce que penser au divorce ou de fuir.

flashback; « Où est ta sœur ? » Je rentrais du lycée, pas de bonjour, pas de 'comment s'est passé ta journée ma chérie', rien, juste un où est ta sœur. « J'en sais rien moi, j'suis pas son toutou. » Dans un sens j'aimais bien le provoquer parce que je voulais à tout prix surmonter la peur que j'avais quand j'étais face à lui, je voulais lui montrer mes crocs et lui montrer que je n'allais pas me laisser faire comme ça. Je me devais de le faire pour moi-même et surtout pour ma sœur. « Cette petite pétasse à fugué hier soir, comme si tu n'étais pas au courant ! » Je mentais, je savais où elle s'était cachée et le soir tombé je comptais bien la rejoindre pour lui faire le topo. Je n'avais pas envie qu'elle se fasse punir d'avantage, il était de mon devoir de jumelle de la protéger mais pas de cette façon. « Tu devrais rentrer Jasmine, papa est en colère mais plus les heures passent et pire c'est. » Je voulais lui tendre la main, l'aider à surmonter cette horreur. Je l'aimais, un lien particulier était entre nous, le pouvoir des jumeaux. « Je peux pas, je vais me faire tuer.. Tu comprends pas. » Elle avait l'air totalement perdue, déboussolée et triste. Elle n'avait jamais été comme ça auparavant. Cette nouvelle de mariage n'avait quand même pas changé ma jumelle à ce point. Elle qui était une femme forte, un maillon fort elle était devenue faible et lâche, je voyais ma mère. « Hier soir je suis tombée sur Carlos, tu sais l'ami de papa. Il m'a forcé Matys, j'suis désolée. »

Les pires moments de la vie de Jasmine et les miens aussi. Elle m'avait avoué qu'elle avait été violée par cette ordure de vieux chiffon. C'est quelques semaines après cette annonce qu'elle avait compris qu'elle était enceinte. Elle n'avait plus le choix, elle ne pouvait plus se cacher et moi j'étais là main dans la main, passant le palier de la porte. Elle n'a pas avorté, elle n'avait pas la force à faire une telle chose et je la comprends, l'avortement est un choc psychologique pour une femme et elle avait déjà subi d'importants chocs. Suite à cet incident c'est un nouveau choc pour notre famille. Alors que Jasmine était devenue la fiancée de Carlos, c'est mon grand frère qui pris le relais dans le niveau catastrophe, il avait la rage contre ce salop alors il a voulu en finir avec lui, en essayant de le tuer. Il s'est fait prendre la main dans le sac et est allé en prison. Je vais souvent lui rendre visite avec Jasmine mais mon père ne veut plus entendre parler de lui. Quand le bébé de Jasmine et Carlos vint au monde, elle s'installa chez lui et arrêta l'école pour s'occuper de son enfant à 17 ans.

flashback; « J'ai entendu dire que Jasmine Di Conti s'est mariée et en plus elle a un gosse, c'est une vraie pute cette fille! » « Elle a gâché sa vie. Et leur frère est en taule. Ils sont vraiment dingue, il manque plus que Matys devienne une pute. » Voilà ce que j'entendais du matin au soir dans les couloirs du lycée. C'était tellement désagréable d'entendre des moqueries sur le compte de ma sœur ou de mon frère. J'aurais tellement voulu faire couper toutes ces langues de pute. J'étais énervée du matin au soir, la rage me gagnait à chaque fois que j'entendais ricaner bêtement dans mon dos. Les gens peuvent être d'une stupidité. Heureusement que lui il était là, mon meilleur ami. « Alors beauté, j'ai entendu dire que tu allais faire les trottoirs, tu me diras comme ça je viendrais te prendre en photo. » C'était la seule personne avec qui je pouvais rire de la situation, j'étais tellement à bout de nerf que j'avais besoin de décompresser, lui il était là pour me faire rire, pour m'enlever cette boule que j'avais sans cesse dans l'estomac.

Depuis ma rencontre avec lui j'avais arrêté de travailler à l'école. Je n'étais déjà pas très douée, assez moyenne. Les cours techniques étaient mon truc, d'ailleurs je suis allée en professionnel suite au collège à cause de mes notes trop moyenne. Je suis allée en méca et je me suis découvert une vraie passion, à part le mécanisme automobile, lui ce mec. Mon meilleur ami. J'ai eu mon diplôme grâce à lui, il me faisait réviser le soir quand je venais pour squatter chez lui puisque quand mon père est parti l'ambiance à la maison était devenue pesante et je faisais de mon mieux pour échapper aux repas de famille et autre. Quand Jasmine est partie, une partie de moins aussi. Elle me manquait, mais j'avais cet ami qui me comblait, me remplaçait la part de moi qui était avec elle. Il était cool, tout le monde disait qu'on était fait l'un pour l'autre, qu'il fallait sortir ensemble rien que pour voir ce que ça pouvait donner mais je n'ai jamais voulu, gâcher une amitié pour une histoire d'amour jamais. Je n'avais jamais vraiment eu d'amoureux, sauf mon meilleur ami qui était pour moi l'homme de ma vie, mon repère, mon poteau. Sachant que j'étais désormais prête à être fiancée, je ne voulais pas me lancer dans une histoire débile je faisais tout pour ne pas tomber amoureuse de lui parce que devoir le quitter pour me marier à un autre sans façon. Il s'en suivi des délires douteux, des histoires de sexe et puis un lien unique s'est installé entre nous mais jamais de 'je t'aime'.

flashback; « Matys, je te présente ton fiancé. » Je me rapprochais de la webcam afin de pouvoir me faire une idée de son physique. Pourquoi mon père choisissait des plus vieux ? Je soupirais sans faire un sourire alors que le visage triste de Jasmine me revint en mémoire. Je ne voulais pas finir comme elle. Je voulais trouver une solution pour elle et pour moi, pour qu'on puisse échapper à cette ville minable qu'ils avaient à nous offrir. « Non papa, je ne veux pas, j'suis pas prête. » Il m'adressait son regard furieux, il détestait qu'on lui dise non et surtout il n'avait pas l'habitude avec ma mère soumise. Je levais la tête, il était temps de le prendre en face, j'avais peur, je rongeais de l'intérieur mais j'étais une fille courageuse, déterminée et bornée, je n'allais pas le laisser faire. « Si tu es prête, tu es grande, belle et vierge, c'est important. » Il y avait un point qui coinçait, depuis quand il fallait être vierge pour être mariée ? Je laissais ce point de côté pour me concentrer sur mon objectif, essayé de ne pas me marier. « Tu pars demain pour Beverly Hills. »

J'avais échoué lamentablement. J'eus à peine le temps de prévenir ma sœur et mes amis de mon départ que je posais déjà mon pied sur le sol américain. J'ai eu beaucoup de mal à m'adapter à mon quotidien, je n'avais que 18 ans, loin de ma famille et seule dans une ville où je ne connaissais personne et où je ne parlais pas un mot anglais. Je m'installais chez mon fiancé pendant un léger moment.

flashback; « Écoute Matys, ce soir je te propose de rester tranquillement à la maison. On pourrait se faire un tête à tête avec un peu de champagne. Et puis terminer la soirée dans la chambre ? » On pourrait dire que c'est une question, mais enfaite c'était une déclaration. Il voulait juste me dire que ce soir il voulait me baiser et puis voilà. Je n'avais pas le choix même si je refusais je ne pouvais pas résister bien longtemps puisqu'il pouvait faire une pression sur moi. Voilà que j'allais coucher avec un homme que je n'aimais pas, que je n'appréciais guère. Le soir venu, allongée sur le lit j'essayais tant bien que mal de me dégager mais lui pris cela pour de la rigolade pensant que je flippais puisque pour lui j'étais encore vierge. « Laissez moi tranquille putain! » Je me levais du lit le plus rapidement possible, me collant contre le mur. « Je sais que t'a peur, mais tu vas voir ça ne va pas faire mal. » Il me regardait comme si j'étais une gamine de 5 ans qui allait faire une piqure. Je me rapprochais de lui, le poussant sur le lit. Finalement il aimait bien ça se faire prendre en main. Je ne le rejoignais pas, le laissant seul sur le lit. « Je sais que ça ne fait pas mal et avec ton petit truc je risque de rien sentir. » Je n'étais pas soumise, plutôt une dominatrice j'aimais bien prendre les choses en main pour pouvoir faire la vie à ma façon, comme moi je la ressens.

Il me vira de chez lui, décidant de me renvoyer chez moi pour me punir le temps de se refaire. Franchement, je n'avais aucune envie de retourner en Guadeloupe, je ne voulais pas revoir mon père. C'est un texto de mon meilleur ami qui me donna une idée. Je devais aller me foutre dans le trou du cul du monde pour ne pas me faire chopper ni par mon père, ni par mon fiancé. Mais je n'allais pas être toute seule, ma sœur viendrait me rejoindre lui permettant de partir loin de son mari et de son gosse. C'est comme ça que j'ai décidé de venir vivre à Arrowsic.