THE HALLOWEEN SHOW

Arrowsic, terre paisible et calme ? Ne croyez pas si bien dire. Car en ce temps d’automne frais et brumeux, sous les maisons silencieuses les morts s’agitent. L’odeur des vieilles années jusqu’ici enfouies reviennent enflammer la tranquillité d’Arrowsic, en ce fameux jour d’Halloween. Avez-vous peur, chers petits enfants ? Serez-vous prêt à arpenter les petites rues du village pour quelques bonbons, même à l’heure de minuit ? Pensez-vous pouvoir faire face à la terrible ambiance d’Halloween ? Ou allez-vous vous cacher dans votre lit, bien enfoui sous votre couverture chaude ? Seul l’avenir vous le dira. En attendant, enfilez vos ongles de sorcière, vos fausses verrues, vos masques ensanglantés, vos belles citrouilles, vos draps blancs, vos têtes affreuses, car aujourd’hui, on fête Halloween à Arrowsic ! Soyez hideux, soyez effrayants, soyez horribles, c’est tout ce qu’on vous demande. Aujourd’hui, Arrowsic retire son masque de sérénité pour enfiler celui de l’angoisse et de la terreur. Vous n’y croyez pas ? Vous pensez sans doute qu’il vous en faut plus que ça pour avoir peur ? Chers habitants d’Arrowsic, méfiez-vous, vous ne savez jamais ce qui peut vous arriver, même dans un petit village comme Arrowsic. Vous pensiez vivre une vie calme ? Vous pensiez vivre dans une havre de paix ? Et bien aujourd’hui, tout va changer. Inutile de vous cacher, les âmes les plus funèbres sauront vous trouver.

L’agitation est palpable. Depuis l’annonce du concours du meilleur déguisement d’Halloween, tous les habitants affluent au magasin du coin, dans l’espoir de trouver la perle rare. Tous souhaitent gagner ce concours dont la récompense reste encore mystérieuse. Samedi soir, tous ceux qui désirent participer au concours brilleront sur la scène installée devant la mairie. Une occasion de mettre un peu de paillettes dans le fin fond de l’Amérique. Quelques projecteurs, deux-trois enceintes, et un micro suffisent pour que Arrowsic se transforme en véritable mini New York, le temps d’une soirée. Que le show commence !

Spoiler:

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Je venais de vivre un moment extraordinaire, magique, sans doute pour la dernière fois de ma vie. Mais ça me faisait un bien fou, alors j'étais heureuse de l'avoir vécu. Le défilé venait de s'achever, mais la soirée ne faisait que commencer. Autour de moi se mélangeaient fantômes, sorcières, diables, anges et autres personnages d'Halloween. Tout le monde avait joué le jeu, et cela faisait plaisir à voir. C'était effectivement un beau spectacle. Ne reconnaissant pas la majeure partie des personnes qui ornaient la place, je me dirigeais vers le bar où étaient servis des cocktails des plus étonnants. La dernière fois que j'avais bu, c'était au bal de la commémoration d'Arrowsic, et autant dire que ça ne s'était pas très bien passé. Mais c'était Halloween, je pouvais bien boire un verre ou deux. Ce soir-là, je voulais juste m'amuser. Comme je le faisais si bien avant. Comme j'aimais le faire. Juste le temps d'une soirée. Pour retrouver ma joie de vivre, et mon insouciance des choses. Juste pour oublier mon chagrin. On me tendit alors un verre avec une étrange mixture de couleur rouge sang, entourée par un verre rempli de sucre et d'autres substances dont je ne savais le nom. J'haussais les épaules, avant d'attraper un verre et sourire gentiment au serveur. Je me retournais tout en buvant une gorgée de cette boisson. Tout le monde semblait avoir l'esprit à la fête.

« Colton ! COL ... » Oh et puis merde. Elle avait tenté de rattraper Colton parmi la foule des invités, mais avait dû le laisser s'échapper en vertu de tous ceux qui s'étaient glissés entre eux. Tant pis, elle le verrait sans doute plus tard. Elle ne l'aurait sans doute pas reconnu si elle n'avait pas entendu son discours et suivit des yeux son défilé alors qu'il prenait la scène d'assaut, mais il n'allait sans doute pas réussir à lui échapper maintenant qu'elle savait quel genre de masque ornait son visage. Pourtant, ce fut une jeune femme, non loin d'elle, qui attira son attention. Abbey. La jolie Abbey. Alors qu'un sourire ornait son visage et que son regard pétillait de malice, elle se dirigea vers elle avant d'attraper un verre couleur citrouille et d'en prendre une grande gorgée pour se désaltérer. La multitude de monstres de toutes sortes voltigeant autour d'elle ne lui fit pas perdre de vue son but ultime et elle fut bientôt à quelques pas de la jolie blonde, une légère émotion venant toutefois resserrer sa poitrine alors qu'elle ne s'était aucunement attendue à un tel sentiment. « Joli costume. » fit-elle avant de s'approcher finalement en prenant une nouvelle gorgée de sa boisson, sans néanmoins lâcher la mannequin des yeux. « J'imagine que tu étais comme un poisson dans l'eau, sur scène. »

Ce soir il y avait pas mal de monde, comme la plupart des gens ici présents j'étais venue pour me détendre un peu et prendre du gras avec des bonbons par ci et par là. Enfin bon, le défilé était à peine terminé que j'étais déjà passée dans l'after. Je m'étais plutôt bien amusée pendant le défilé, ce fut une agréable sensation que de pouvoir monter sur scène et faire son show même si j'avais largement l'habitude de faire mon numéro devant les personnes que je croisais. Enfin bon, c'était du Leona tout craché quoi, personne ne me changera. Je restais là, près du buffet en regardant les gens qui étaient là, surtout parce que je cherchais de la compagnie, malheureusement je ne trouva pas directement donc je resta là comme une belu en attendant un ami. Fauve n'était pas encore là, ce qui m'étonna un peu puisqu'elle était du genre à être la première arrivée au lieu où la fête se tenait mais elle devait avoir un empêchement. Super, la personne qui était encore passable et avec qui je pouvais rester sans m'afficher avait un empêchement et avait décidé d'aller faire la fête ailleurs. La soirée promettait d'être longue.

Le monde commençait à affluer autour du buffet. Les boissons se vidaient doucement et les paquets de bonbons jonchaient discrètement sur les tables. L’obscurité venait plonger sur la place, prolongeant encore plus l'ambiance d'Halloween qui s'était installée. Tous semblaient avoir l'esprit à la fête. Tous s'étaient replongés dans leurs anciens souvenirs d'enfance, retrouvant leurs vielles lubies d’antan. C'était une belle soirée. Je regardais chaque habitant un à un, essayant de distinguer quelques visages familiers, avec peine. Finalement, je me tournais à nouveau vers le buffet, afin de piocher quelques bonbons qui me tentaient depuis le début de la soirée. Je les portais à ma bouche, laissant le goût sucré caresser ma langue. Puis une voix familière et à la fois lointaine vint m’interloquer. « Joli costume. » Je me retournais alors vers cette voix féminine que je connaissais bien, laissant une silhouette gracile se dessiner sous mes yeux. Tessa. Je restais quelques secondes sans mot, un peu abasourdie par sa présence. La voir devant moi, sous mes yeux me laissait complètement statique. La réalité m’avait frappée en pleine face, comme une incroyable claque à laquelle on ne s’attendait pas du tout. Pourtant, j’aurais pu savoir. J’aurais pu savoir qu’elle serait là. J’aurais dû le savoir. Tout en essayant de garder mon calme, je répondis : « Je te retourne le compliment. » Son costume de Cléopâtre lui allait parfaitement. Tessa aimait dominer et avoir le pouvoir. Et c’était sans doute à cause de ça qu’un froid s’était jeté entre nous, depuis que j’avais quitté Arrowsic. Elle m’en voulait. Je pouvais le lire clairement sur son visage. Je la connaissais que trop. Et je savais qu’elle n’allait pas être douce avec moi. Au contraire. De toute façon, elle ne l’avait jamais été. « J'imagine que tu étais comme un poisson dans l'eau, sur scène. » Je soupirais. Elle était toujours aussi intimidante. Elle avait toujours le don pour me mettre mal à l’aise. « On peut dire ça comme ça. Enfin je ne me fais pas d’illusions, ce n’est qu’Arrowsic. » Un mince sourire s’afficha sur mes lèvres. Tessa provoquait en moi une perte de confiance incroyable. Elle l’avait toujours fait. Depuis que je la connaissais, elle m’avait toujours fait sentir inférieure à elle. Peut-être même inconsciemment. Et ça me fendait le cœur de constater qu’elle avait toujours ces effets-là sur moi. « Je sais que tu te réjouis de mon échec, Tessa. Pas la peine de me le dire, je le vois. » Autant aller droit au but. Je savais qu’elle m’en voulait d’être partie aussi rapidement, sans rien dire. Je savais qu’elle m’en voulait parce que je l’avais laissé seule. Je savais que maintenant, rien ne serait plus pareil. Et je savais que cette soirée n’allait peut-être pas se passer aussi bien que prévu.

« Je te retourne le compliment. » « Merci. » fit Tessa avec un petit sourire assuré avant d'attraper un bonbon et de jouer avec le papier de son emballage. Franchement, elle avait cru devoir faire un effort beaucoup plus grand afin de revenir vers Abbey, mais au final, elle se rendait compte que c'était bien plus simple. L'incertitude et la timidité qu'elle pouvait lire dans son regard suffisaient à lui faire comprendre que tout n'était pas si différent, finalement.

Alors qu'elle enfouissait le bonbon dans sa bouche, elle laissa une remarque presque sarcastique franchir le pas de ses lèvres, remarque qui laissait bien transparaître son très faible degré de compréhension et de délicatesse. Franche jusqu'au bout des ongles, Tessa ne comptait pas la ménager et eut un sourire amusé alors qu'elle appuyait ses mains, derrière elle, sur la table du buffet, histoire de pouvoir la regarder et apprécier toutes ces émotions qui semblaient passer sur le visage de son amie d'enfance. « On peut dire ça comme ça. Enfin je ne me fais pas d’illusions, ce n’est qu’Arrowsic. » « C'est sûr que pour une fille qui s'est pavanée sur les grandes scènes de New York, Arrowsic, c'est pas grand chose. » fit-elle avec un petit sourire ironique, redressant le buste afin de se montrer sous son meilleur jour, avec une posture irréprochable. De toute façon, ce n'était pas la faute de Tessa si Abbey était partie. Elle avait décidé d'abandonner tout son petit monde pour une utopie et elle avait peut-être cru que Tessa serait ravie de son succès et de son bonheur, mais non. Elle savait à quel point cela pouvait être éphémère et elle refusait d'accepter qu'on puisse la laisser pour une connerie qui pouvait se terminer au bout de quelques mois. N'avait-elle valu que ça? Aux yeux d'Abbey, n'avait-elle été qu'un passe-temps? De toute façon, on ne lui ferait pas le coup deux fois. « Je sais que tu te réjouis de mon échec, Tessa. Pas la peine de me le dire, je le vois. » Arquant un sourcil alors qu'elle toisait Abbey comme si cette dernière n'avait été qu'une gamine naïve et inconsciente, Tessa haussa les épaules sans la lâcher des yeux, sirotant son verre. « Je n'ai jamais tenté de le cacher, non plus. » avoua-t-elle avant de rire légèrement. « T'as pas ce qu'il faut. Je le savais. Je le sais. Et je le saurai toujours. Mais c'est pas ta faute d'avoir voulu essayer. » Tout en haussant les épaules, elle avait levé les yeux au ciel, consciente de l'effet que risquait d'avoir ses paroles sur la jeune femme. Tant pis.

Elle était là. Avec son regard hautain et sa prétention. Elle était là et je ne savais pas quoi faire face à elle. J'étais comme un lapin perdu égaré dans la forêt, susceptible de se prendre un coup de fusil. Et je ne savais pas quoi faire. Je me sentais vulnérable et piégée. « C'est sûr que pour une fille qui s'est pavanée sur les grandes scènes de New York, Arrowsic, c'est pas grand chose. » Je la fusillais du regard. Tout ce qu’elle disait passait mal à travers ma gorge. Elle n’avait pas changé. Elle n’avait pas changé et sa façon de se comporter m’irritait. Ce n’était plus comme avant. Elle ne me considérait plus comme une amie à présent. L’avait-elle déjà fait auparavant ? Je ne saurais le dire. Tessa était un mystère que je n’arrivais pas à décrypter. « Peut-être, mais c'est toujours aussi bien. » Elle ne savait pas. Elle ne savait rien. Elle ne savait pas ce que j’avais vécu. C’était facile pour elle de venir faire la peste devant moi. C’était facile pour elle de parler et de m’enfoncer petit à petit. Je crois que la force de Tessa résidait essentiellement dans ses paroles, crues et dures à accepter. « Je n'ai jamais tenté de le cacher, non plus. » Son rire me crevait le cœur. Elle s’amusait de moi. Elle s’amusait de ma naïveté. Elle s’amusait de ma patience. Et j’avais envie de la frapper tellement la voir sourire me serrait le ventre. « T'as pas ce qu'il faut. Je le savais. Je le sais. Et je le saurai toujours. Mais c'est pas ta faute d'avoir voulu essayer. » Et là je craque. Complètement. Je sens que les larmes me montent aux yeux, alors je croise les bras et les serre très fort contre moi. Elle disait à haute voix tout ce que je n’osais pas m’avouer depuis des mois. Elle disait ça avec un naturel qui me bouleversait l’esprit. Il fallait que je garde mon calme. Craquer devant Tessa serait la plus belle erreur que je pouvais faire. Il ne fallait pas. « Non Tessa, tu te trompes. Tu penses tout savoir, mais ça n’est pas vrai. As-tu vécu ma vie à New York ? Sais-tu réellement ce qu’il s’est passé ? Non. Alors tu devrais réfléchir avant de parler. Tu ne sais pas Tessa. » Ma voix se faisait de plus en plus silencieuse et tremblante. Ses paroles manquaient de m’achever le cœur. Et j’essayais de faire comme si cela ne me touchait pas. Mais c’était dur. Trop dur.

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Après mon défilé assez mouvementé - c'est peu de le dire -, après mon petit message empoisonné à Abbey, et le regards que nous nous sommes lancés, qui montrait bien toute la haine que j'avais à son égard - et il n'y a toujours eu qu'un pas de l'amour à la haine, la preuve en nous - je me dirigeais alors vers le bar. Le bar. Toujours l'endroit le plus intéressant pour moi. Celui près duquel je rencontrais le plus de monde. En finissant par les insulter bien evidemment avant la fin de la soirée. Le problème étant qu'à ce défilé, il y avait pas mal d'enfants, et je n'avais pas dans mes cordes la capacité de me raisonner, même en présence de gosses. Je me foutais de tout et de tout le monde, bien sûr, pour ne pas changer. Je commandais mon double whisky en demandant un petit citron dedans, l'art du détail. Quand soudain, je remarqua qu'Abbey discutait avec une fille qui semblait la mettre à mal. Oui mais seulement, moi seul pouvait dire à Abbey à quel point sa vie était merdique, à quel point j'allais lui faire mal et que tout se passerait au fil du temps. Le regard d'Abbey, j'aurais aimé qu'elle me le gratifie. A moi. Pas à cette catin. Je ne savais absolument pas qui elle était. Mais, je ne m'en accommoderais pas davantage. J'avançais alors vers elle, l'air de rien ou alors l'air vraiment déterminé, tout dépendait de l'angle de vue finalement. J'avais dans l'envie d'ajouter mon grain de sel, mais aussi et surtout, de mettre ma marque sur mon territoire. Et ce territoire, c'était Abbey. « Bonjour Abbey. » avais-je lancé sur un ton assez desinvolte, sans gratifier le moindre regard à la demoiselle qui l'accompagnait.

« Non Tessa, tu te trompes. Tu penses tout savoir, mais ça n’est pas vrai. As-tu vécu ma vie à New York ? Sais-tu réellement ce qu’il s’est passé ? Non. Alors tu devrais réfléchir avant de parler. Tu ne sais pas Tessa. » Tessa leva les yeux au ciel en riant. « T'as raison. Tout à fait raison. » avoua-t-elle avant de s'approcher d'elle légèrement comme dans l'optique de lui faire une confidence. « Tout ce que je sais, c'est que tu t'es plantée. Plan-tée. » répéta-t-elle en haussant délicatement les épaules. « Et ça me suffit amplement. » Consciente de jouer sur un terrain glissant, Tessa avait posé ses fesses sur le rebord de la table du buffet afin de déguster le nouveau bonbon qu'elle venait de piocher dans le réservoir de sucreries. Elle arqua un sourcil en voyant une petite blonde se frayer un chemin jusqu'à elles alors qu'elle croisait les bras devant l'attitude désintéressée de la fille. « Bonjour quand même. » fit-elle simplement d'une voix glacée alors qu'elle se faisait l'avocate des bonnes manières. Franchement, ce n'était tellement pas son genre qu'elle faillit pouffer de rire avant de reprendre son sérieux. « On discutait. Et tu déranges. Mais c'est pas grave, y'a sans doute quelqu'un qui veut d'une sorcière à moitié morte. Tu sais, sortir le jour, c'est bien aussi. » Elle était tellement blanche que Tessa était persuadée qu'elle n'avait pas mis le pied sous les rayons du soleil depuis longtemps. Ou du moins, pas assez souvent pour que sa peau en prenne l'habitude. Elle se mordit la lèvre en haussant légèrement les sourcils d'un air faussement désolé.

« T'as raison. Tout à fait raison. » Elle me poussait à bout. Elle continuait à se jouer de moi, comme un vulgaire objet. Et moi, comme d’habitude, j’étais incapable de faire quoi que ce soit. Je n’étais qu’un vulgaire animal vulnérable et fragile. « Tout ce que je sais, c'est que tu t'es plantée. Plan-tée. » Elle le faisait exprès, en plus. J’avais envie de la frapper, de lui crier Ô combien elle me faisait du mal avec ses mots Où était passé mon amie que j’appréciais tant autrefois ? Elle avait tout bonnement disparue. Et je n’arrivais pas à y croire. « Et ça me suffit amplement. » Elle se fichait complètement de ce que je pouvais bien penser. Elle se fichait de ce que je pouvais ressentir. Je n’étais plus rien pour elle, et ça me crevait le cœur. « Arrête Tessa. » lui lançais-je. J’avais énormément de mal à la regarder droit dans les yeux. Je me détestais. Je me détestais d’être comme ça. Tessa avait réussi à gâcher mon bonheur, le bonheur d’avoir été sur scène. Elle avait réussi à gâcher ma bonne humeur. Elle avait tout gâché, par quelques paroles. Et puis soudain une voix que je connaissais parfaitement nous interrompit. « Bonjour Abbey. » Joy. Mon pire cauchemar. Le montre en personne. Elle avait vêtue une longue robe noire, qui je devais l’avouer, lui allait plutôt bien. Cependant, elle m’effrayait encore plus habillée ainsi. Elle m’avait adressé un regard au défilé. Un regard sombre et défiant. Et je détestais l’influence qu’elle avait sur moi, elle aussi. Son numéro avait été très réussi. Elle avait été fidèle à elle-même : provocante, et talentueuse. « Joy. » répondis-je. Je n’arrivais toujours pas à croire qu’elle était là, à Arrowsic. Juste pour moi. Juste pour venir me détruire, encore et encore. « Ça va ton doigt ? » demandais-je, en désignant les traces de sang qui y restaient. Joy me dégoutait. Joy me serrait le cœur. Joy me donnait mal au ventre. Joy me donnait envie de vomir. Et puis Tessa lui envoya des paroles bien venimeuses, comme elle avait l’habitude de faire. Je restais silencieuse face à cette attaque. Les connaissant toutes les deux, ça n’allait pas très bien ce terminer. Joy était obstinée. Tessa l’était aussi. Tessa était une garce. Joy aussi. Tessa et Joy, en face de moi. Je devais sûrement baigner dans un horrible cauchemar.

J’arrivais sur la place centrale de la ville et j’étais déjà entouré d’une multitude de spécimens en tout genre. Je vous explique. Ce soir, c’est Halloween, et comme tous les ans, le maire, ce bon vieux fêtard, a décidé de marquer le coup en organisant une fête pour toute la ville. Et dans ce bon vieux Arrowsic, les gens aiment se déguiser. Il y en a beaucoup qui viennent me saluer mais que je ne reconnais pas. Alors, je réponds gentiment, espérant ne pas avoir été gentil avec quelqu’un que je n’apprécie pas : fierté oblige. Pour ma part, je ne me suis pas déguisé. Pourquoi ? Parce que je n’avais jamais vraiment aimé ça. Et puis, mes parents ne m’ont jamais donné l’habitude de fêter Halloween, une « fête » triste, je trouve. Enfin, ce n’est que mon avis puisque Graziella ne pensait pas la même chose que moi. Par contre, pour cette fois, j’ai décidé de faire des efforts en m’habiller aux couleurs de cette fête : orange et noir. C’est avec un tee-shirt orange, un jean noir, des baskets noires et des lacets orange que je me retrouvais au milieu de cette foule, secrètement à la recherche de Jenna et de ma fille. Je ne la trouvais pas, alors, comme d’habitude, je me dirige vers le bar. C’est le point de rendez-vous des 15-27 ans, alors peut-être que Jenna passera par là. En attendant, je vois Tessa, la copine de ma sœur qui se tape l’incruste dans mon appartement. Cette fille-là n’est pas méchante, je le sais, je le sens, elle se fait passer pour ce qu’elle n’est pas. Seulement, j’ai l’impression qu’elle se sert de ma hermanita et je n’apprécie pas ça du tout. Il y a aussi une blonde à la peau très pâle. Je ne la connais pas, elle a l’air jeune et j’espère sincèrement que c’est un déguisement qu’elle porte et qu’elle n’est pas comme ça tous les jours. Et puis, il y a aussi Abbey. Ma petite Abbey. Je l’ai rencontrée lors de la tempête, elle voulait se jeter de la falaise, la pauvre petite. Depuis, j’ai été pris d’une espèce de folie protectrice envers elle. Et enfin, il y a une dernière jeune femme, que je ne connais pas non plus. Cette ville n’est donc peuplée que de femmes ? Où sont les hommes ? Ça manque cruellement de testostérone par ici. Je m’approche discrètement et j’entends la dernière jeune femme que je ne connais pas parler. « Vous feriez un couple merveilleux, deux sorcières pleines de plans démoniaques pour détruire le monde. Ravie qu’Halloween ait eu le don de faire ressortir votre vraie nature. » Comme quoi, je ne suis pas le seul à penser que Tessa cache bien son jeu. Quant à la vampirette blonde, je m’en fiche, en fait. « Abbey ta sœur te cherche. » Sheila qui cherche Abbey ? C’est quoi cette histoire ? Elle se parle ces deux-là ? Je devrais penser à sortir plus souvent, moi. « Salut, Abbey. Tu vas bien ? » Je me tournais alors vers la pseudo-amie de ma sœur, et je le fis un petit signe de tête. « Tessa. »

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Halloween, la fête des monstres. Ouais pleins de petits monstres partout mais quand ce sont les enfants qui jouent à ça, c'est plutôt mignon tandis que les grands c'est désespérant. Je n'aimais pas me déguiser, à croire que l'image que je renvoyais de moi suffisait amplement. Enfin bref, avec la plus grande flemme et sans idée de déguisement je décidais de mettre une petite robe noir assez moulante, façon cuir avec un petit fouet et puis du maquillage sombre et du rouge à lèvre puissant. Mon déguisement c'était plus cat woman ou alors une petite dominatrice SM (c'est tonia qui m'a donné l'idée -a-). Je voulais me faire remarquer, il y avait un grand nombre de tête que je n'arrivais pas à me voir. Je vis Abbey, elle était toujours là pour les fêtes, je ne pourrais donc jamais passer une soirée tranquillement sans voir sa tête de blonde ? Enfin, je vis aussi la jeune Tessa que je ne connaissais pas mais cela n'avait pas de grande importance. Puis je vis Joy, Tonia, Cassie et Leandro. Il n'y avait pas grand monde pour l'after défilé. D'ailleurs celui-ci était quelque peu bizarre et certaines personnes faisaient drôlement pitié. Je n'avais donc rien d'autre à faire que de regarder les gens discuter entre eux, ce fut la conversation de Tessa et de ma soeur qui m’intéressa. D'habitude je trouvais que rien n'était intéressant chez cette Strugatsky, mais cette discussion semblait mouvementée. Puis Tessa arriva par la suite squatter en mode sale peste qui taille tout le monde. Eh, mais c'est mon rôle ça. « Abbey, ta sœur te cherche. » Mais qu'est-ce qu'elle me veut celle-là ? Elle sort d'où d'ailleurs ? Enfin je tourna les talons. Je leva les yeux au ciel regardant Abbey, Tessa et les autres discuter entre elles. « Vous êtes pathétique les filles. » Je regardais autour de moi pour voir s'il y avait meilleur fréquentation.

Le défilé venait de s'achever. J'étais toujours dans la peau de Bellatrix. Je commençais sérieusement à l'apprécier, ce personnage. Je regardais partout autour de moi. Sorcières, citrouille, fantôme, monstre et j'en oubliais. J'étais dans un monde magique. Ailleurs. Arrowsic était bien loin. La place centrale était devenue, le temps d'une soirée, un monde fantastique. Je disais bonjour, à droite, à gauche. Pour être honnête, je ne reconnaissais pratiquement personne. Ça allait être difficile de ne pas passer la soirée seule sans reconnaître les gens. J'essayais donc de trouver quelqu'un. Ashton ? Lou ? J'avais peu de chance de les trouver à une telle soirée. Lonie ? Je regrettais sérieusement de ne pas lui avoir donné rendez-vous. Surtout que j'étais persuadée qu'elle viendrait. C'est Halloween tout de même. Enfin j'en sais rien. Et Nohl ? Pourquoi je ne lui avais pas dit de venir. Quelle conne je faisais ! Pour les reconnaître maintenant ça allait être... difficile. Avec un peu de chance, je tomberais sur celui que je voulais voir plus que les autres. Mais, je n'osais pas trop espérer. Mattia. Je mourrais d'envie de le voir même si je préférais ignorer ce sentiment. Je m'approchais du bar. Je n'allais pas boire beaucoup. Un verre, voir deux. Comme d'habitude pour des soirées comme celle-ci. J'attrapais un verre au contenu inconnu. Je buvais une gorgée. Ça n'avait pas mauvais goût. J'espérais simplement ne pas être seule plus longtemps. Je cherchais donc des têtes connues au milieu du bain de foule.

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Pendant mon absence, j’avais oublié à quel point Arrowsic était une ville conviviale. Evidemment, à New York, on fait la fête pour tout et n’importe quoi mais ce n’est pas du tout la même ambiance qu’ici. Je ne saurais pas dire quelle est la différence, il faut le vivre pour le savoir. Et là, je me rends compte que cette ambiance m’avait drôlement manquée, en plus de toutes ces personnes que j’avais quittées plus ou moins précipitamment. Pour l’occasion, j’avais pris le soin de me déguiser en batgirl. Pourquoi ce déguisement ? Tout simplement parce que Lhiam, l’homme de ma vie, m’avait fait remarquer que je ressemblais étrangement à l’actrice dans le film et il m’avait aussi conseillée de me déguiser ainsi. Ce n’est qu’une fois arrivée sur la place centrale que j’appris qu’il y avait un défilé pour élire le plus beau costume. Je ne faisais carrément pas le poids face à toutes ces jeunes femmes qui avaient très certainement pris plusieurs heures à confectionner leurs costumes, tandis que moi, je m’étais contentée de l’acheter dans une boutique. Et pourtant, j’aurais bien voulu participer à ce défilé, histoire de montrer à cette ville à quel point je l’aime et à quel point elle m’a manquée durant ces huit années.
Je me rendis du côté du bar, histoire de me désaltérer avant de partir à la recherche d’une tête connu. Avant même de pouvoir attraper un verre, je bousculais malencontreusement une jeune femme. Elle se retournait automatiquement et je m’apprêtais à m’excuser lorsque je fus surprise de découvrir la personne cachée sous ce déguisement. « Ella ? » Et voilà que je me retrouvais devant l’une des plus proches amies de mon petit frère qui est également une fille que je considérais comme ma petite sœur avant mon départ. Seulement, je me rends bien compte qu’elle ne doit plus autant m’apprécier depuis tout ce temps. J’avoue que j’appréhendais de la voir, j’ai peur qu’elle m’en veuille.

Je cherchais inlassablement une tête connue. Évidemment il y avait bien quelques personnes du lycée. Mais, je n'avais aucune envie d'aller les voir. Je voulais voir quelqu'un de proche. En fait, je m'apprêtais à sortir mon portable quand je me fis bousculée. Surprise, je me retournais. Enfin, c'était peut-être plus un automatisme. Mon souffle s'accélèra devant cette personne. Je me fichais bien que la moitié de ma boisson soit sur le sol. Derrière ce costume de bat girl, je l'avais reconnu. Evalee. C'était tellement étrange de la voir. C'était comme retourner dans le passé. Voir un fantôme. Les mots de Nohlan avaient enfin un sens. J'étais obligée de réaliser qu'elle était revenue. « Ella ? » Comment devais-je réagir ? C'était la soeur d'un de mes plus proches amis. C'était la soeur de mon Nohlan. Et je l'avais longtemps considérée comme une grande soeur. Alors, que devais-je faire après huit ans d'absence ? Devais-je lui en vouloir ou lui sauter au cou ? Écouter mon coeur ou ma rancoeur ? Je n'en avais pas la moindre idée. Et Nohlan, comment réagirait-il si je parlais à sa soeur ? Lui qui ne voulait pas lui pardonner ? J'avais peur que ça l'énerve. Enfin, je reprenais un peu mes esprits. « Evalee... » J'observais la jolie blonde. Elle était toujours aussi belle. J'avais du mal à voir dans une si belle femme une boxeuse. Ce costume lui allait à merveille. « Je m'attendais pas à te voir ici. » Ce n'était pas méchant. Simplement de piètres excuses pour ma surprise. Je faisais quoi maintenant ? Je la tuais de reproches tout en sachant que pour elle, ça ne devait pas être facile ? Ou je ravalais le passé pour laisser place au présent ? J'étais paumée. Je me mordais nerveusement la lèvre inférieure avant de sourire. Ce n'était pas une solution mais, je n'avais pas mieux qu'un sourire.

En venant participer à la fête du village pour Halloween, je savais que j’allais tomber sur des gens que je n’avais pas croisés depuis longtemps. Mais, je n’avais pas pensé une seule seconde que j’allais devoir me confronter à ces personnes qui m’en voulaient. Sinon, je ne serais pas venue. Ça peut paraître étonnant venant de moi étant donné mon passé de boxeuse, mais je ne suis fana des confrontations, spécialement avec les gens que j’apprécie. Je suis une lâche, quoi, je le sais. Bref, tout ça pour dire que je ne m’étais pas préparée psychologiquement à tomber sur Ella et je me doute bien que c’est la même chose pour elle. « Evalee… » Je n’arrivais même pas à déterminer si son ton était plein de reproches, mais j’imaginais que oui. « Je m’attendais pas à te voir ici. » Je lui rendis un petit sourire timide. J’avais l’impression d’être revenue dans la passé, mais d’être en face d’une adulte, je me sentais intimidée devant la jeune Ella. « Avant tout, je voulais m’excuser. Sincèrement. En partant il y a huit ans, j'ai certainement fait une très grosse erreur et je suis désolée. Tu m’as terriblement manquée petite Ella… » Je m’étais dit que c’était plus intelligent de commencer la conversation avec des excuses, que je lui devais amplement. Soudain, je me rappelais qu’Ella était la plus proche amie de mon petit frère et que donc, il devait être dans les alentours. L’air de rien et pensant être discrète, je me mis à regarder autour de nous, espérant voir la bouille de Nohlan. Au lieu de ça, j’aperçu Sheila, avec qui j’ai un lien assez particulier. J’irais peut-être la voir plus tard, pour l’instant, je discute avec Ella et je pense que c’est beaucoup plus important.

Voir Evalee en face de moi avait quelque chose de troublant. Je lui en voulais tellement pour la douleur que son frère avait ressentie. Je lui en voulais tellement pour son absence. Et j'avais affreusement envie de passer l'éponge. De ne pas perdre plus de temps à être loin d'elle. J'avais envie de la redécouvrir. J'avais envie de croire que je pouvais retrouver ma grand soeur. La figure féminine que j'admirais en silence. Un petit sourire timide se dessina sur son visage. J'étais heureuse de la revoir. J'étais heureuse tout en étant troublée. « Avant tout, je voulais m'excuser. Sincèrement. En partant il y a huit ans, j'ai certainement fait une très grosse erreur et je suis désolée. Tu m'as terriblement manquée petite Ella... » Huit ans. Mon coeur se serrait en entendant ce chiffre. Huit ans. C'était affreusement long. Huit ans. Ça me semblait presque impossible qu'autant de temps soit passé. Pourtant, c'était bel et bien le cas. Elle regarda un peu autour d'elle. À la recherche d'une échappatoire ou de son frère ? Je n'en savais rien. Je buvais une gorgée tout en pensant à ses paroles. Je savais qu'elle était sincère sur ses excuses. J'étais partagée entre lui tourner le dos ou la prendre dans mes bras. Depuis que j'avais vu ses cheveux d'or, c'était le même dilemme. « J'imagine que tu avais raison. On fait tous des erreurs de toute façon... » Et puis, nous avons suffisamment perdu de temps. Pas la peine d'en perdre davantage avec d'inutile reproches. J'attendais qu'elle me regarde pour lui offrir un beau sourire. Un sourire avant de la prendre dans mes bras. « Tu m'as manqué aussi. » Bon son frère allait me tuer mais, peu importe. Je ne pouvais pas me résoudre à lui en vouloir plus longtemps. Et je savais qu'au fond de lui, Nohl crevait d'amour pour elle. Mais, lui, il avait dû grandir sans celle qui comptait le plus à ses yeux, c'était normal qui ait tant de rancoeur.

Spoiler:

Et puis elle arriva. Tonia, avec une robe de mariée elle aussi. Ironie du sort. Mais cela ne me dérangeait pas. Je savais à quel point nous étions proches, et je savais à quel point nous nous ressemblions. Son beau visage me sortait de l’enfer dans lequel Joy et Tessa s’amusaient à m’enfoncer. « Salut, Tessa. Ton costume de dictatrice antique te sied à merveille. Joy, tu as l’air encore plus détestable dans cette robe. » Je la regardais, silencieuse. Tonia savait toujours placer les bons mots au moment où il le fallait. Et puis elle n’avait pas froid aux yeux, chose que j’admirais. « Vous feriez un couple merveilleux, deux sorcières pleines de plans démoniaques pour détruire le monde. Ravie qu’Halloween ait eu le don de faire ressortir votre vraie nature. » Elle n’avait pas tout à fait tort. Au contraire même. Jamais je n’aurais réussi à balancer ça à Joy, ni à Tessa d’ailleurs. J’étais faible, innocente et fragile. « Abbey ta sœur te cherche. » Je ne compris pas immédiatement. Depuis quand Sheila s’intéressait à moi ? Mais je compris ensuite qu’elle voulait simplement m’éloigner des deux orages qui s’étaient abattus sur moi sans même que je ne m’en rende compte. « Salut, Abbey. Tu vas bien ? » La voix de Leandro venait embellir la soirée. Il avait une joie de vivre, un sourire qui ne vous laissait pas indifférent. Il était tellement gentil, tellement drôle, tellement attentionné, tant de qualités qui me faisaient aimer la personne qu’il était. Un sourire aux lèvres, je répondis : « Ça peut aller et toi ? » en haussant les épaules. Je remarquais qu’il ne portait pas de déguisement. « Tu fais dans l’originalité ou c’est juste qu’il y avait rupture de stock en magasin ? » J’étais vraiment heureuse de voir Leandro. Ça me faisait beaucoup de bien. Puis Sheila fit irruption. « Vous êtes pathétique les filles. » dit-elle, avant de se retourner. Je roulais des yeux. Sa présence m’exaspérait. Sa manière de se comporter m’exaspérait. Elle avait le don de m’irriter constamment. « Toujours aussi agréable à ce que je vois. » Je ne pouvais pas m’empêcher de l’embêter. Ça avait toujours été comme ça. Nous avions toujours eu le don de nous disputer pour un rien. Elle n’était pas ma sœur pour rien.